
Par Arnaud BOUVIER
"S'il vous plaît... dessine-moi un parc d'attractions". L'univers enchanté et poétique du Petit Prince, créature de l'écrivain-aviateur français Antoine de Saint-Exupéry, est maintenant le thème d'un parc de loisirs pour enfants, qui a ouvert ses portes mardi près de Mulhouse, à la frontière franco-allemande.
Des montgolfières, un serpent-toboggan, des renards et moutons vivants, un quiz sur les planètes: le "Parc du Petit Prince" installé sur 24 hectares à Ungersheim (est de la France), décline en 31 aires de jeux et attractions, les thèmes et personnages du célèbrissime ouvrage paru en 1943.
Il espère attirer 80.000 visiteurs cette année, puis 150.000 par année pleine.
Car le conte symbolique et philosophique imaginé par l'écrivain-aviateur a été traduit en plus 270 langues, vendu à 150 millions d'exemplaires dans le monde, ce qui en fait l'ouvrage de littérature le plus vendu au monde et le livre le plus traduit après la Bible. Il est connu de 90% des Français.
Le Petit Prince est un garçon aux cheveux d'or qui habite sur une planète à peine plus grande que lui, l'astéroïde B 612. Il visite les planètes voisines, et de rencontre en rencontre, arrive sur Terre, où il rencontre le narrateur, un aviateur qui a dû se poser en catastrophe dans le désert.
"Nous visons un public d'enfants de 2 à 12 ans, ainsi que tous les adultes qui se souviennent qu'ils ont été des enfants", souligne l'un des deux concepteurs du projet, Jérôme Giacomoni, président de la société "Aérophile".
Le parc est notamment articulé autour de deux ballons captifs, des montgolfières arrimées au sol qui permettent aux visiteurs d'admirer depuis 150 mètres de hauteur le paysage montagneux des Vosges et de la Plaine d'Alsace.
Des ballons semblables sont déjà en service aux parcs Disneyland à Paris et en Floride, ainsi qu'au parc André-Citroën à Paris, notamment. A Ungersheim, les montgolfières devraient pouvoir être utilisées en moyenne 8 jours sur 10, du fait de statistiques météo favorables.
Autre possibilité de prendre de la hauteur: grâce à l'"aérobar du buveur", on peut - comme au Futuroscope de Poitiers (ouest) - boire un verre les pieds dans le vide, confortablement installé dans une nacelle à 35 mètres du sol.
A terre, les attractions alternent détente au naturel (les enfants admirent renards et moutons vivants) et loisirs high-tech: cinéma 3D, dialogue interactif avec un renard en images de synthèse qu'il s'agit "d'apprivoiser", quiz sur les étoiles dans un décor de planétarium...
Une roseraie redonne vie aux fleurs si chères au Petit Prince: "c'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante", disait le renard au Petit Prince.
Et les enfants peuvent jouer dans un véritable biplan rappelant les exploits d'aviateur d'Antoine de Saint-Exupéry, disparu en vol le 31 juillet 1944 alors qu'il effectuait une mission pour préparer le débarquement des Alliés en Provence.
Le nouveau parc a été installé en lieu et place du Bioscope, un ancien parc sur les thèmes de l'environnement et de la santé, ouvert en 2006 et fermé en 2012. Faute de fréquentation suffisante, ce dernier avait accumulé 28 millions d'euros de pertes d'exploitation en six ans.
Le site a été transformé, agrandi et entièrement redécoré. Les dirigeants d'Aérophile, qui ont investi 11 millions d'euros dans la métamorphose, se disent convaincus que la notoriété planétaire et la popularité du Petit Prince les aideront à faire largement mieux que le Bioscope.
"Le Petit Prince, c'est plus qu'une marque, c'est un ensemble de valeurs. Il amène une image très forte à notre parc", veut croire M. Giacomoni.
Une marque dont les droits ont été acquis (pour un montant confidentiel) auprès des héritiers de Saint-Exupéry, déjà à l'origine d'un grand nombre de produits dérivés, dessins animés et adaptations en tout genre.
Un opéra est annoncé à l'automne, avant un long métrage américain d'animation en 2015.
Cette politique d'exploitation commerciale suscite parfois des critiques, car "le Petit Prince génère beaucoup de passions", reconnaît Olivier Giraud d'Agay, petit-neveu de l'écrivain, en charge de la gestion des droits sur l'oeuvre.
"Oui, le Petit Prince est un produit d'appel, mais dans ce parc les gens vont voir qu'il y a une cohérence entre le produit d'appel et le contenu, avec toujours une exigence de qualité", assure M. d'Agay.
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