19/11/2013 14:49

Les actionnaires de Nokia votent sur la cession des téléphones à Microsoft

Les actionnaires de Nokia sont appelés à voter ce mardi à Helsinki sur la cession de la division téléphones portables à l'américain Microsoft, qui doit remettre le groupe finlandais sur le chemin de la rentabilité.

Prévu lors d'une assemblée générale extraordinaire qui s'ouvre à 14H00 (12H00 GMT) dans la capitale finlandaise, le résultat du vote ne fait guère de doute. Les actionnaires devraient clore ce chapitre de l'histoire de Nokia, avec probablement le sentiment d'avoir tiré un bon prix de la transaction.

Le créateur de Windows a accepté de payer 5,44 milliards d'euros.

"Pour les actionnaires de Nokia c'est un bon prix parce que cette activité générait des pertes, et que Nokia était devenu trop petit pour se relancer", explique Eric Beaudet, analyste de la banque Natixis.

"C'est une excellente transaction. On ne pouvait pas imaginer meilleur prix pour une division en situation de pertes structurelles, qui aurait pu être valorisée à -5 milliards de dollars", renchérit Pierre Ferragu, analyste du courtier Sanford Bernstein.

La cession doit avoir lieu début 2014. Nokia, numéro un mondial des téléphones portables avant de céder en 2012 sa place au sud-coréen Samsung, deviendra alors un équipementier en télécoms sans produit grand public.

Ce sera la disparition d'une marque qui a connu une déchéance spectaculaire depuis l'apparition de l'iPhone d'Apple en 2007.

D'après M. Beaudet, "Nokia a de bons produits, mais ça ne suffit pas. Leur problème est une structure de coûts fixes trop élevés, qui fait qu'il leur faudrait 10% du marché mondial des smartphones pour être rentables. Là ils sont à moins de la moitié".

D'après le cabinet Gartner, Nokia est aujourd'hui numéro 8 sur ce marché. Sur l'ensemble des téléphones portables, il reste numéro 2, avec 13,8% de parts de marchés au troisième trimestre, loin derrière Samsung (25,7%) et loin devant Apple (6,7%).

Ce mardi est la dernière occasion pour les actionnaires mécontents de discuter des échecs successifs du groupe finlandais dans les téléphones.

Leur origine remonte maintenant à très loin, comme l'a expliqué l'ancien PDG Jorma Ollila dans une autobiographie publiée en octobre. Selon lui, Nokia était bien parti sur le marché des smartphones à l'époque où il était embryonnaire, en 2004-2005, mais quand il a décollé en 2007-2008, ses produits n'étaient pas à la hauteur.

En 2011, un directeur général embauché chez Microsoft, Stephen Elop, fera le choix de s'allier avec le groupe américain. Cela ne paiera pas.

M. Elop, qui a démissionné en septembre, le jour où la vente des téléphones à Microsoft était annoncée, est la cible d'un certain ressentiment en Finlande.

Ce mardi à Helsinki, "il y aura certainement un peu de bruit de la part de ceux qui sont mécontents de la stratégie Elop. Ils devraient le redire. Ça ne reflétera pas l'opinion de la majorité des actionnaires", anticipe M. Ferragu.

Cette majorité attend aujourd'hui que Nokia revienne durablement aux bénéfices, après avoir perdu 1,2 milliard d'euros en 2011, 3,1 milliards en 2012, et 590 millions sur les neuf premiers mois de 2013.

Microsoft devra de son côté résoudre un casse-tête: rentabiliser la marque Lumia. Assis sur plus de 80 milliards de dollars de réserves, il a les moyens d'y investir des sommes considérables.

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