07/06/2013 15:35

Toulouse: Les autorités interdisent une manifestation d'extrême droite

Les autorités ont annoncé vendredi à Toulouse et pour la première fois depuis la mort de Clément Méric l'interdiction d'un rassemblement public de l'extrême droite à cause des "risques importants de trouble à l'ordre public".

La préfecture a tranché: les Jeunesses nationalistes, organisation de jeunesse de l'Oeuvre française nostalgique du pétainisme, n'ont pas le droit de marcher aux flambeaux comme elles avaient prévu de le faire samedi à 21H30 au départ du monument aux morts.

La préfecture était pressée de toutes parts à gauche de prendre cet arrêté. Le maire lui-même, le socialiste Pierre Cohen, avait jugé "indispensable pour la sécurité de tous et dans un contexte particulièrement sensible" de faire annuler le rassemblement.

Celui-ci avait été programmé avant la mort de Clément Méric, militant d'extrême gauche tué dans une bagarre avec des skinheads mercredi à Paris. Les Jeunesses nationalistes avaient déposé fin mai leur demande d'autorisation, selon la police.

Sans la disparition de Clément Méric, les partis, syndicats, associations de gauche avaient déjà appelé à une manifestation "antifasciste" qu'elles maintiennent samedi à 14H00 et qui prendra une autre dimension selon elles. Mais, avec la mort du jeune homme, le défilé des Jeunesses nationalistes, ce groupe qui glorifie le maréchal Pétain et Charles Maurras et parle de la République comme de "la gueuse", devenait une "provocation" pure et simple, jugeaient-elles.

"On ne contrôle pas tout"

Des responsables mettaient clairement en garde contre le risque de heurts, a fortiori dans une ville où la gauche extrême ou alternative est très active et n'a pas oublié qu'un étudiant chilien avait été gravement blessé dans des violences impliquant des membres de l'ultra-droite nationaliste au printemps 2012.

"L'émotion est vive et on ne contrôle pas tout", disait Stéphane Borras, porte-parole local du syndicat Solidaires auquel appartenait Clément Méric.

Interrogée par l'AFP alors que se multiplient à gauche les appels pour que le gouvernement dissolve les organisations comme les Jeunesses nationalistes, la préfecture n'a pas dit si l'interdiction prononcée vendredi avait un lien direct avec la mort de Clément Méric ou si le rassemblement aurait été interdit de toute façon.

Dans son communiqué, outre le danger de trouble à l'ordre public, la préfecture justifie son interdiction par la tenue, le même jour dans le centre, de la manifestation de gauche mais aussi d'évènements festifs.

Cette interdiction est une première à Toulouse, mais des rassemblements ont été proscrits ces derniers mois à Lyon, Paris ou Amiens, dit le président des Jeunesses nationalistes, Alexandre Gabriac. Ces interdictions sont "devenues visiblement la règle depuis le gouvernement socialiste puisque, sous le gouvernement Sarkozy, on a réussi à tenir sans problèmes des manifestations", a-t-il dit à l'AFP.

"Au doigt et à l'oeil"

Cependant la mort de Clément Méric a "mis une pression supplémentaire de la part de l'extrême gauche sur le gouvernement qui (lui) obéit au doigt et à l'oeil", dit-il.

La marche aux flambeaux programmée samedi se voulait un hommage au duc Eudes d'Aquitaine, qui combattit les Arabes au côté de Charles Martel au VIIIe siècle.

Alexandre Gabriac attendait 200 militants au défilé, dit-il. Il en escompte à peu près autant dimanche à un banquet, au nord-est de Toulouse. Si l'interdit du préfet vise tous les rassemblements en l'honneur d'Eudes d'Aquitaine samedi et dimanche, M. Gabriac assure que le préfet ne peut interdire le banquet, qui est privé.

Les Jeunesses nationalistes sont distinctes des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR) dont seraient proches les skinheads impliqués dans la bagarre de mercredi.

Toulouse voit, comme d'autres, une extrême droite violente tenter de s'implanter, dit Stéphane Borras, de Solidaires. Ils se sont sentis regonflés par les importantes manifestations d'ultra-catholiques contre Golgota Picnic, pièce de théâtre jugée blasphématoire, en 2011, et plus récemment par les manifestations contre le mariage homosexuel, dit-il.

Les incidents ne sont pas rares, affirme-t-il. Aussi se réjouit-il que le préfet ait "pris ses responsabilités" face à un risque grave.

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Vos réactions

Portrait de Dancol
7/juin/2013 - 15h47
le vieil obserrvateur a écrit :

il faut les noyer

T'as raison de déléguer, tu risquerais de te casser un ongle.