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Face à la baisse de la fréquentation, les cinémas indépendants parisiens contraints de se réinventer pour survivre, en ouvrant de nouvelles salles ou en élargissant leurs activités

C'était se renouveler ou fermer. Face à la baisse de la fréquentation, plusieurs cinémas indépendants parisiens ont misé sur l'innovation, en ouvrant de nouvelles salles ou en élargissant leurs activités, dans un acte pour survivre qu'ils décrivent comme "militant".

La capitale française reste championne du monde des salles obscures avec ses près de 80 cinémas, mais elle a perdu plusieurs établissements emblématiques ces dernières années.

Sur les Champs-Élysées, autrefois rendez-vous des cinéphiles, il ne reste plus qu'un seul cinéma, tous les autres ayant baissé le rideau au profit des boutiques de luxe et autres commerces touristiques.

En 2014, on comptait encore 1,9 million d'entrées vendues dans les cinémas de la mythique artère. Dix ans plus tard, seuls 133.000 tickets y ont été écoulés, selon les données du service Mission Cinéma de la ville de Paris, un organisme de soutien au septième art.

L'Élysées Lincoln, dans une rue transversale, a lui aussi vu son public diminuer. En 2019, ses patrons s'interrogent: faut-il "le fermer, le transformer ou en faire autre chose qu'un cinéma ?", explique à l'AFP Louis Merle, propriétaire avec son frère Samuel de l'établissement, ainsi que de deux autres cinémas.

"Nous avons décidé qu'il resterait un cinéma parce que nous sommes passionnés, mais il fallait trouver un nouveau modèle économique", poursuit-il.

Après s'être rendus dans plusieurs pays, ils ont décidé de créer un cinéma "modulable". L'une de ses salles peut ainsi se transformer en salle de réception "en une heure", pouvant accueillir jusqu'à 200 personnes.

Pour être en adéquation avec le quartier, très huppé, les propriétaires ont réalisé des rénovations haut de gamme et créé un "cinéma de luxe" avec un mobilier très léché.

Le coût d'une telle transformation est élevé, près de 2,3 millions d'euros, mais plusieurs institutions publiques ont apporté leur soutien.

"Il était inimaginable de voir un autre cinéma fermer sur les Champs-Élysées", estiment les deux frères, pour qui, maintenir la place de la culture sur la célèbre avenue est un acte "militant".

"Ils remplissent la mission d'animer leurs salles pour proposer une offre différente dans un quartier qui en a besoin", explique Sophie Cazes, déléguée de Mission Cinéma à la ville de Paris.

Le projet s'inscrit dans la tendance actuelle de transformation des cinémas en catégorie "premium", une gamme offrant un grand confort et une qualité visuelle et sonore élevée.

"Le public se fait de plus en plus rare. Il faut le séduire, lui offrir des conditions exemplaires d'accueil, de confort et de qualité de projection", affirme Richard Patry, président de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF).

En France, la fréquentation des cinémas a reculé d'environ 15% en 2025 par rapport à 2024, revenant au niveau des années 2000.

Paris tire cependant son épingle du jeu avec une moyenne de 8,03 entrées de cinéma par an et par habitant, contre 2,73 au niveau national, selon les chiffres du Centre national du cinéma (CNC).

D'autres cinémas indépendants ont fait le choix de réorganiser un espace déjà étroit pour ouvrir une nouvelle salle, afin d'augmenter le nombre de spectateurs.

Fabien Houi, gérant du Brady dans le 10e arrondissement, espère passer à 100.000 entrées par an (au lieu de 65.000 actuellement) grâce à l'ouverture d'une troisième salle de 34 places.

"Il faut dans la mesure de ses moyens, de ses possibilités, même en termes de place, toujours inventer des choses pour essayer d'exister", explique-t-il à l'AFP, couvert de poussière de travaux, au milieu du chantier inachevé.

Ouvrir une nouvelle salle alors que la fréquentation est en baisse pourrait paraître incongru. Mais l'expérience du Grand Action, situé en plein quartier latin, plaide pour l'initiative.

Avec sa nouvelle salle de 27 places (ouverte en 2022), la propriétaire Isabelle Gibbal-Hardy affirme avec satisfaction qu'elle a presque doublé le nombre de sorties par an et "la fréquentation a augmenté bien plus qu'espéré". Tout en continuant à défendre une offre de cinéma d'auteur.

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Vos réactions

Portrait de Humblement
29/novembre/2025 - 20h50
jancotiano2 a écrit :

Baisse de fréquentation ? A 16 balles la place est-ce si étonnant ? Ok le coûts augmentent mais une sortie en famille devient inaccessible à beaucoup...

C'est comme les restaurateurs qui se plaignent de faire moins de couverts où que les clients partagent des plats... A 50€ l'entrée/plat/dessert pour un repas loin d'être exceptionnel il faut se poser les bonnes questions...

Forcément, quand on est au RSA...

Portrait de jancotiano2
29/novembre/2025 - 20h42

Baisse de fréquentation ? A 16 balles la place est-ce si étonnant ? Ok le coûts augmentent mais une sortie en famille devient inaccessible à beaucoup...

C'est comme les restaurateurs qui se plaignent de faire moins de couverts où que les clients partagent des plats... A 50€ l'entrée/plat/dessert pour un repas loin d'être exceptionnel il faut se poser les bonnes questions...

Portrait de Touché01
29/novembre/2025 - 19h44

Les salles de cinema n'ont plus d'avenir, surtout en France.

Les couts de chauffage ou de clim deviennent prohibitifs, les loyers urbains des cinemas ne permettent plus d'être rentables en vendant des billets.

Et surtout les adultes ont de moins en moins envie de s'y trouver coincés avec des jeunes délinquants qui mettront le souk, voire les racketteront.

Enfin louer chez soi le dernier film en vod est 2 fois moins couteux qu'une place de ciné, et chez soi on pourra même se chauffer des pizzas au micro-onde, sortir des glaces du frigo ou se gaver de chips pour pas cher et en faisant plein de bruits avec les sachets.