SheIn Trente ans de réclusion criminelle, avec vingt-cinq ans de sûreté, ont été requis contre Abdallah Osman Ahmed, un réfugié soudanais souffrant de troubles psychiatriques, plus de cinq ans après une attaque au couteau qui avait fait deux morts et cinq blessés à Romans-sur-Isère (Drôme).
«Il est sans conteste possible d'être à la fois terroriste et délirant», ont considéré les deux représentants du parquet national antiterroriste qui, à l'unisson de deux experts psychiatriques, ont retenu la seule «altération» du discernement de l'accusé.
Lors des débats devant la cour d'assises spécialement constituée - c'est-à-dire sans jurés populaires, la règle en matière terroriste - , un troisième expert avait au contraire diagnostiqué une «abolition», soit l'irresponsabilité pénale.
Au terme de dix jours d'audience, «il y a ceux qui se souviennent et celui qui a oublié», a noté le premier des deux représentants de l'accusation, manière de mettre l'accusé, qui n'a cessé de se prévaloir d'une amnésie de ce qu'il a pu faire, face à ses victimes.
Dans la matinée du 4 avril 2020, l'assaillant avait tué à l'arme blanche Thierry N., client d'une boucherie âgé de 54 ans, et Julien V., un commerçant de 43 ans. Il avait également blessé cinq personnes dans le centre de Romans-sur-Isère.
Selon les témoins de l'attaque, il avait agi sans prononcer «la moindre parole», «le regard vide» et avait «l'air hypnotisé» et «possédé», restant «très calme». Des fichiers et des images de propagande en lien avec l'idéologie jihadiste avaient notamment été retrouvés dans son téléphone portable.
Lors de l'instruction comme pendant les débats, Abdallah Osman Ahmed avait indiqué ne pas avoir conservé de souvenirs du déroulé des faits. Il a évoqué avoir agi en réponse à «des voix qui lui enjoignaient de se délivrer».
«Ce dossier ne se résume pas à l'étude et à l'appréciation des éléments contemporains du passage à l'acte», a considéré l'avocat général, voyant «un continuum idéologique», notamment «de son ressentiment contre la France». «Il a fait preuve de cohérence, de rationalité, de logique», a abondé sa collègue du parquet antiterroriste, estimant qu'«il ne s'est pas radicalisé, il n'en a pas besoin, car il est fondamentalement radical».
Diplômé en droit et cultivateur, Abdallah Osman Ahmed avait quitté son pays pour raisons économiques et obtenu en France le statut de réfugié le 29 juin 2017. Il n'était néanmoins pas connu pour appartenir à une organisation terroriste.
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