
Le tribunal correctionnel de Paris doit rendre jeudi son jugement dans l'affaire opposant Kevin Escoffier au Canard enchaîné, poursuivi en diffamation par le skipper, après un article évoquant une agression sexuelle en marge d'une course.
Kevin Escoffier, 45 ans, sera par ailleurs jugé pour agressions sexuelles devant le tribunal correctionnel de Lorient en mars 2026, après les plaintes de quatre femmes. La diffamation dénoncée par le navigateur concerne un article de fin octobre 2023 titré "#MeToo de la Voile: la fédé tire des bords", dans lequel l'hebdomadaire satirique affirmait que Kevin Escoffier avait "reconnu les faits" d'agression sexuelle sur une femme et que la Fédération française de voile avait déclenché une procédure disciplinaire contre lui.
Pendant le procès en mars dernier, une femme de 32 ans qui travaillait au sein de l'équipe du skipper est venue témoigner à la barre, citée par la défense du Canard enchaîné. Elle a raconté une escale à Newport, le 15 mai 2023, pendant The Ocean Race, une course autour du monde en équipage.
Alors qu'elle s'apprête à une accolade avec le skipper en rejoignant l'équipe dans un pub, celui-ci lui "presse les seins avec ses mains", a-t-elle affirmé. "Il commence à me palper une fesse, puis l'autre", "et sa main commence à remonter sous mon t-shirt", a-t-elle raconté. "A ce moment-là, je suis sidérée."
Le lendemain, le navigateur lui dit qu'il s'est "réveillé avec des images dans la tête" et l'espoir "qu'elles ne soient pas vraies", selon son récit. "Pour moi ce qui a été écrit, c'est la vérité", a-t-elle déclaré à la barre au sujet de l'article du palmipède. Face au tribunal, le navigateur de 45 ans avait lui estimé s'être retrouvé privé de sa "capacité à (se) défendre", s'en prenant à l'article qui "dit que j'ai reconnu des faits que je combats depuis deux ans".
Il a expliqué avoir eu vent de la rumeur via sa "team manager", qu'il était question de "contact physique avec les seins" de la jeune femme. L'avocat du navigateur, Eric Bourdot, a rappelé que Kevin Escoffier reste "présumé innocent" et décrit les faits de Newport comme un "quiproquo autour d'un +hug+" (câlin).
Il a accusé Le Canard enchaîné de n'avoir fait "aucune enquête sérieuse" et mis en cause les "versions changeantes" de la plaignante. Les auteurs de l'article ont eux défendu à la barre leur enquête, assurant avoir "récupéré des dizaines et des dizaines de témoignages".
L'avocate du Canard, Camille Souleil-Balducci, a demandé au tribunal de relaxer le journal satirique mais aussi de condamner le skipper pour procédure abusive. Ingénieur naval et membre d'une illustre famille de marins, Kevin Escoffier s'était notamment fait connaître après son sauvetage in extremis par Jean Le Cam en novembre 2020 en plein Vendée Globe.
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