France Télévision Le parquet de Paris a requis le 31 mars un procès contre le journaliste Alex Jordanov, auteur en 2019 d'un livre sur la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), et deux ex-policiers considérés par la justice comme ses sources, a appris mardi l'AFP de source proche du dossier.
D'après cette source, une vice-procureure a requis un procès à l'encontre du journaliste de 65 ans et de deux ex-policiers des renseignements âgés de 60 et 47 ans pour des infractions liées au secret de la défense nationale, au secret de l'instruction et professionnel et pour révélation d'information permettant l'identification d'une source.
La décision finale sur un éventuel procès pour ces faits, qui datent des années 2015 à 2022, appartient à la juge d'instruction.
La justice reproche au journaliste, brièvement otage en Irak en 2004, d'avoir dangereusement levé le voile, dans son livre "Les Guerres de l'ombre de la DGSI" (Nouveau Monde Editions), sur la cuisine interne du principal service de renseignement travaillant sur la sécurité intérieure de la France, mais aussi d'avoir rendu possible l'identification de certaines sources humaines de la DGSI, ce qui les mettrait en danger, selon la justice.
Six mois après la publication de l'ouvrage, la DGSI avait signalé à la justice le "préjudice important" causé par cette possible "compromission du secret de la défense nationale".
Fin juin 2022, M. Jordanov et les deux policiers avaient été mis en examen. Le journaliste avait alors reçu le soutien de Reporters sans frontières, du Syndicat national des journalistes ou de l'Association confraternelle de la presse judiciaire.
L'enquête pénale s'est appuyée sur des éléments contenus dans un cahier de notes, retrouvé à Paris mi-2016 qu'Alex Jordanov aurait égaré, et a tiré le fil d'anecdotes de l'ouvrage pour mettre en cause l'un des deux ex-policiers, Malik Naït-Liman, ancien de la DGSI.
Dans ses réquisitions consultées par l'AFP, la procureure évoque certaines informations "très sensibles" obtenues par M. Jordanov qui s'est "présenté comme une oreille attentive" pour d'anciens fonctionnaires "fragiles et en proie à un fort ressentiment envers leur ancienne administration".
"Sans possibilité d'accéder ou de contrôler l'existence d'une décision de classification préalable, l'infraction de violation du secret de la défense nationale est un angle mort des droits de la défense", a indiqué à l'AFP Marie Cornanguer, avocate de M. Jordanov.
Autre avocat du journaliste, William Bourdon a estimé que "cette procédure aussi contestable que fragile juridiquement doit conduire à une relaxe". "Son seul objectif est d'intimider de potentielles sources au sein des services français et de les dissuader d'informer des journalistes."
Conseil de Malik Naït-Liman, Vincent Brengarth a indiqué que "la justice doit entendre qu'il est un ancien serviteur opérationnel de l'Etat, malmené par son institution, qui n'a jamais cherché à compromettre le moindre secret".
"C'est une inversion des rôles aussi vexatoire qu'injuste", a-t-il estimé.
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