![L'Australie est "préoccupée" par la décision de Meta de cesser ses opérations de fact-checking pour Facebook et Instagram aux Etats-Unis, déclare le ministre des Finances Jim Chalmers](https://static.jeanmarcmorandini.com//sites/jeanmarcmorandini.com/files/lazyload_placeholder.png)
Le Brésil a sommé cette nuit Meta d'expliquer sous 72 heures les conséquences de son revirement sur le fact-checking, exigeant que soient protégés les "droits fondamentaux" des citoyens sur les plateformes. Mardi, le patron de Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp), Mark Zuckerberg, a annoncé qu'il mettait fin à son programme de vérification des faits aux Etats-Unis, disant vouloir "restaurer l'expression libre sur (ses) plateformes".
Ce coup de théâtre a abasourdi nombre de médias et inquiété des gouvernements, dont le Brésil, pays de plus de 200 millions d'habitants ultra-connecté et très vulnérable à la désinformation. Vendredi, Jorge Messias, Avocat-général de l'Union, chargé de la défense des intérêts juridiques de l'Etat brésilien, est monté au créneau après une réunion du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva avec plusieurs ministres.
"En raison de l'absence de transparence de l'entreprise, le gouvernement va présenter une notification extra-judiciaire" et Meta aura "72 heures pour informer en quoi consiste exactement sa politique pour le Brésil", a-t-il déclaré à des journalistes. Ses services ont confirmé à l'AFP que Meta avait été effectivement saisi. Si le géant américain ne répond pas dans les délais impartis, "des mesures légales et juridiques seront prises", a ajouté M. Messias.
Plus tôt dans la semaine, le parquet fédéral de Sao Paulo avait donné 30 jours à Meta pour expliquer si la décision de cesser le programme de fact-checking aux Etats-Unis "s'appliquera ou non au Brésil", afin d'en "évaluer" l'impact éventuel.
Lula a reçu vendredi un appel téléphonique de son homologue français Emmanuel Macron, avec qui il est convenu que "la liberté d'expression n'est pas synonyme de liberté de propager des mensonges, des préjugés ou des insultes".
"Ils ont tous deux considéré comme positif le fait que le Brésil et l'Europe continuent à travailler de concert pour empêcher que la désinformation ne mette en péril la souveraineté des pays, la démocratie et les droits fondamentaux des citoyens", a fait savoir la présidence brésilienne dans un communiqué.
"Toutes les entreprises installées dans notre pays doivent respecter la loi brésilienne", a martelé Lula sur le réseau social X. Jorge Messias a fait part de l'"énorme préoccupation du gouvernement brésilien", jugeant que Meta "ressemble à une girouette, qui change tout le temps de direction au gré du vent".
"Nous n'allons pas permettre que les réseaux donnent lieu à un carnage numérique", a-t-il tonné. Dans sa notification extra-judiciaire, consultée par l'AFP, le gouvernement a demandé des "clarifications" sur la façon dont les changements annoncés pourraient affecter "la promotion et la protection des droits fondamentaux".
Le Brésil demande plus précisément "quelles mesures seront adoptées" par Meta pour endiguer des contenus racistes, homophobes, transphobes ou incitant à la violence contre les femmes, et pour protéger enfants et adolescents. Meta a aussi annoncé des changements dans ses politiques de modération, une démarche qui fait craindre un recul pour la lutte contre les discours de haine ou de harcèlement des minorités.
La dernière version des règles de la communauté de Meta indique entre autres que ses plateformes autorisent les allégations de "maladie mentale ou d'anormalité" lorsqu'elles sont fondées sur le genre ou l'orientation sexuelle. Le débat sur liberté d'expression et réseaux sociaux est particulièrement sensible au Brésil.
La plateforme X (ex-Twitter), concurrente de Meta, a été suspendue pendant quarante jours l'an dernier sur ordre de la Cour suprême, pour non-respect d'ordres judiciaires liés à la lutte contre la désinformation.
Vos réactions
Et donc c'est un condamné à la tête d'un pays qui EXIGE ????
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