
Sous un soleil écrasant, les raisins des Corbières, dans l'Aude, commencent à mûrir... trop vite: avec le réchauffement climatique, ils se chargent en sucre et font des vins plus alcoolisés, poussant certains vignerons à changer de cépages pour des variétés plus tardives.
"Avant, je disais qu'un vin à 12 degrés, c'était la règle et 12,5 l'exception. Puis ça a été 13, puis 13,5. Et là, j'ai dit stop", raconte Claude Vialade, 65 ans.
À la tête d'une maison de négoce représentant 1.500 hectares dans l'ancien Languedoc-Roussillon, elle a tenté en 2009 une expérience: créer un petit vignoble résistant au réchauffement climatique, en utilisant notamment des cépages portugais et espagnols, l'alvarinho et le verdejo, habitués des hautes températures.
"Ces cépages, qui n'arrivaient pas à maturité dans le sud de la France il y a 25 ans, ont trouvé aujourd'hui un terrain de prédilection", assure-t-elle. Sur les dix hectares du Château Cicéron, elle se réjouit de contrôler plus facilement l'alcool et l'acidité de ses vins.
Il a néanmoins fallu d'abord arracher les vignes existantes, faire des analyses de sols, entrer dans un protocole d'expérimentation européen, replanter et attendre que les vignes soient assez matures avant de faire une première vinification, plus de dix ans plus tard.
"J'ai dû sortir d'une logique capitaliste, c'était possible parce que j'avais la maison de négoce à côté", reconnaît cette descendante d'une famille de vignerons dont le père, Jean, était l'un des militants emblématiques de la cause viticole languedocienne dans les années 1960.
Tous les vignerons ne peuvent pas se permettre un tel pari: les vendanges se font ainsi de plus en plus tôt, parfois dès fin juillet. On s'arrange ensuite avec des assemblages, car si le fruit est chargé en sucre, les pépins ne sont souvent pas encore mûrs et donnent un goût astringent au vin.
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