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Les juges chargés de l'enquête sur des soupçons de violences sexuelles commises autour de la réalisation de vidéos porno pour la plateforme "French Bukkake" ont terminé leurs investigations

Les juges d'instruction chargés de l'enquête à Paris sur des soupçons de violences sexuelles commises autour de la réalisation de vidéos pornographiques pour la plateforme "French Bukkake" ont terminé leurs investigations, a appris l'AFP de sources proches du dossier vendredi. Les magistrats instructeurs ont informé vendredi les parties aux dossiers de la fin de l'enquête. Les mis en cause et les parties civiles peuvent désormais fournir des observations et demander des actes. Le parquet de Paris doit formuler ses réquisitions, avant la décision finale des magistrats instructeurs sur la tenue d'un procès éventuel.

Au moins 17 personnes - acteurs, réalisateurs, producteurs - ont déjà été mises en examen dans cette information judiciaire ouverte en octobre 2020 pour des infractions telles que traite d'êtres humains aggravée, viol en réunion ou proxénétisme aggravé. Plus d'une quarantaine de victimes se sont constituées parties civiles, ainsi que des associations.

Selon des éléments de l'enquête consultés par l'AFP, la plateforme de "Pascal OP" identifiée sous le nom de "French Bukkake", du nom d'une pratique sexuelle, a d'abord attiré l'attention d'enquêteurs: un abonnement permettait aux clients de participer à ces éjaculations collectives, avec des places réservées pour des sessions sans préservatifs.

Ce système, visant à faire payer des individus en échange de rapports sexuels organisés, a nourri, aux yeux de la justice, des soupçons de proxénétisme.

Mais l'enquête s'est rapidement élargie à la question des actrices, "soumises sans leur consentement ou leur complet consentement à des tournages pornographiques particulièrement dégradants", d'après un document judiciaire. Elles "étaient amenées à subir, soit sous la pression, sous l'influence de drogues, d'alcool, et parfois une soumission chimique, des actes sexuels répétés et non définis à l'avance (...) parfois par plusieurs dizaines d'individus en simultané".

Certains des faits, "criminels", "ont été commis dans un environnement sordide, sur des victimes particulièrement vulnérables", relevait encore la justice.

"Nous les victimes attendons encore beaucoup de la justice et de la société. (...) Nous avons été torturées. J'ai besoin aujourd'hui pour revivre, que la barbarie, la haine sexiste et raciste dont j'ai été victime, soit reconnue et punie", a réagi auprès de l'AFP l'une des plaignante. "Je suis marquée au fer rouge pour la vie. J'attends que les coupables, et tout ceux qui participent à ce système, soient marqués au moins pour le restant de leur vie à partir du procès, comme nous", a-t-elle ajouté.

L'industrie pornographique française est sous le feu des projecteurs depuis deux ans: une autre enquête menée à Paris depuis juillet 2020 vise "Jacquie et Michel", incarnation en France du porno amateur et pilier tricolore de cette industrie.

Michel Piron, le fondateur du site, a été mis en examen en juin 2022 pour complicité de viol et traite d'être humain en bande organisée. Au moins trois autres hommes sont aussi poursuivis dans cette information judiciaire également ouverte pour proxénétisme aggravé ou viol avec torture et acte de barbarie.

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