17/05/2023 07:46

Les admissions de détenus masculins à la prison de Gradignan, près de Bordeaux, suspendues «jusqu'à nouvel ordre» par manque de place dans ce centre de détention où le taux d'occupation dépasse 200%

Les admissions de détenus masculins à la prison de Gradignan, près de Bordeaux, ont été suspendues «jusqu'à nouvel ordre» par manque de place dans ce centre de détention où le taux d'occupation dépasse 200%, a-t-on appris de source pénitentiaire. Cette interruption est appliquée «depuis dimanche matin» et «jusqu'à la fin de la semaine pour l'instant», a détaillé cette source à l'AFP, confirmant des informations du quotidien Sud Ouest. «C'est la surpopulation carcérale: il n'y a plus de place», a-t-elle ajouté, précisant que cette décision serait «revue régulièrement».

Selon les données officielles diffusées fin mars, le centre pénitentiaire de Gradignan figurait parmi les six prisons françaises dépassant la barre des 200% de densité carcérale avec 206,6% de taux d'occupation. En population pénale masculine, la surpopulation atteint 230% avec, sur 233 places, pas moins de 130 «triplettes», ces cellules à trois détenus dont l'un dort sur un matelas au sol, déplore le syndicat FO Pénitentiaire.

Ces conditions ont donné lieu récemment à plusieurs incidents, en particulier le saccage d'une cellule par un détenu vendredi. «Quand il a vu un troisième détenu rentrer dans la cellule, il a vrillé», a raconté à l'AFP Hubert Gratraud, délégué FO Pénitentiaire à Gradignan. «Tout ce qu'il a pu casser, il l'a cassé. Il y avait 2-3 centimètres d'eau dans la cellule, tout par terre, de la nourriture, des bouts de verre, du sang car il s'est blessé en même temps...»

Pour ce représentant syndical, la pression est «grandissante». «On ne peut pas faire notre travail correctement, il y a une forme d'agressivité qui se fait de plus en plus sentir, ou entre détenus, ou avec le personnel», note-t-il, disant vouloir alerter les responsables de la chaîne pénale face à cette situation «dangereuse».

Au 1er avril, le nombre de détenus a atteint le niveau record de 73.080 pour 60.899 places en France, accentuant la pression sur le gouvernement pour tenter d'y remédier. Ce mal chronique a valu à la France une condamnation devant la Cour européenne des droits de l'Homme en janvier 2020.

Dans son rapport annuel, la contrôleuse des prisons Dominique Simonnot a fustigé la semaine dernière «l'inertie coupable» de l'exécutif face à la surpopulation carcérale.

En juillet, après une visite à la maison d'arrêt de Gradignan, elle avait adressé des recommandations en urgence dénonçant des conditions «inhumaines» de détention.

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