
Le ton monte au quotidien Le Parisien: une partie de la rédaction a retiré sa confiance à la direction, estimant ses réponses "insuffisantes" pour endiguer selon elle "la dérive éditoriale" du journal, a appris l'AFP de sources internes jeudi.
"Ce vote traduit une volonté ferme des journalistes du Parisien d'obtenir des garanties supplémentaires pour exercer leur métier en toute indépendance", affirme la Société des journalistes (SDJ) dans un courrier interne consulté par l'AFP, confirmant une information du Monde.
"Plus que de la défiance, il y a de l'inquiétude: on va travailler à la résorber" dans "le dialogue", affirme la direction du journal, interrogée par l'AFP. Elle fait valoir que la diffusion du titre avait "recommencé à augmenter pour la première fois depuis longtemps".
Ce vote est le nouvel épisode d'une crise née fin mars. Par la voix de la SDJ, la rédaction avait alors exprimé sa "grande préoccupation" quant à un traitement de la réforme des retraites jugé trop favorable au gouvernement.
Ces inquiétudes pour l'indépendance du journal avaient été réaffirmées lors d'une assemblée générale le 4 avril. Réunie mercredi dans une nouvelle AG, la rédaction a répondu à cette question: "Faites-vous confiance à la direction de la rédaction pour apporter des réponses suffisantes face à la dérive éditoriale constatée par la rédaction du Parisien?"
Sur 226 votants, 191 ont répondu non, selon la SDJ. Cela représente environ la moitié de la rédaction. Avant l'AG, une délégation a été reçue par Pierre Louette, PDG du groupe Les Echos-Le Parisien, Sophie Gourmelen, directrice générale du Parisien, et Nicolas Charbonneau, directeur des rédactions. Selon la SDJ, leurs réponses "n'ont pas été jugées de nature à rassurer".
"Il y a du déni sur le mécontentement, c'est ça le plus inquiétant", a déclaré à l'AFP un journaliste du quotidien qui n'a pas souhaité être nommé. Si M. Charbonneau, jugé à l'origine des Unes et des éditos jugés pro-gouvernement, "cristallise le mécontentement", cela "va au-delà de sa personne", poursuit cette source.
La direction du journal, elle, veut voir là "un épisode qu'on saura surmonter". Parmi les pistes ouvertes, figure le fait de "clarifier la ligne éditoriale" du quotidien via un texte à établir "en concertation", selon la SDJ.
Le groupe Les Echos-Le Parisien est détenu par le géant du luxe LVMH, dont Bernard Arnault est PDG. L'autre titre du groupe, Les Echos, connaît également des remous après le départ surprise fin mars du directeur de la rédaction, Nicolas Barré. La SDJ du journal économique y avait vu une "éviction brutale par l'actionnaire".
Vos réactions
Après tout, le propriétaire du quotidien peut très bien choisir son orientation politique, le journal n'appartient pas aux journalistes qui, s'ils n'aiment pas la ligne éditoriale, peuvent aller voir ailleurs.
Réagissez
Nouveau ?
Inscrivez-vousDéjà membre ?
Mot de passe oublié ?