Grégory Doucet 17h03: Une centaine de manifestants protestant contre la réforme des retraites se sont rassemblés ce matin à proximité du Mont-Saint-Michel dont l'accès leur a été interdit par les forces de l'ordre, ont constaté des journalistes de l'AFP. Les manifestants ont été bloqués à quelques kilomètres du Mont vers lequel ils souhaitaient se rendre, sans même pouvoir accéder aux parkings d'où part la longue passerelle qui relie à la terre ferme le site inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.
"C'est un symbole, ça unit les Normands et les Bretons et puis le Mont-Saint-Michel est connu dans le monde entier. On n'a pas besoin d'être forcément nombreux, on est 200 ou 300 ici, ça marque le coup", a estimé auprès de l'AFP un des manifestants, Jean-Jacques Soutif, coordinateur de maintenance de 53 ans, vêtu d'une chasuble orange siglée CFDT. Brandissant des drapeaux des différents syndicats, les manifestants ont lancé quelques fumigènes. Certains ont également donné un petit concert improvisé avec guitare et tambour. Sur une pancarte, on pouvait lire "massacre à la macronneuse" avec une caricature du chef de l'Etat, une tronçonneuse à la main sur laquelle est écrite 49.3, sciant un panneau blanc où le mot "retraite" en rouge est déchiré.
Cette manifestation à l'appel de l'intersyndicale a pour but, selon l'une des participantes nommée Murielle Piquet, contrôleuse des Finances publiques de 61 ans, de rappeler "que le mouvement ne s'essoufle pas, contrairement à ce qui est dit". "Ça serait leur donner raison (au gouvernement) de plus se montrer, de plus sortir, c'est pour ça qu'il faut rien lâcher", a renchéri Inès Labiche, âgée de 24 ans et sans emploi.
15h30: La grève contre la réforme des retraites, entamée le 7 mars à la raffinerie TotalEnergies de Donges (Loire-Atlantique), a été suspendue vendredi jusqu'au 13 avril, ont annoncé les syndicats, qui appellent à une nouvelle mobilisation les 13 et 14 avril.
"C'est la fin d'un cycle et le début d'un autre. Nous avons pris acte de l'entêtement du président et avons conclu que ce mouvement allait durer sur le temps long", a déclaré Fabien Privé Saint-Lanne, délégué syndical CGT (majoritaire), à la sortie d'une assemblée générale.
"Emmanuel Macron a fait le choix d'un bras de fer long et difficile", a-t-il ajouté. "Nous allons être le cauchemar d'Emmanuel Macron, son chewing-gum et nous ne lâcherons rien. Ce n'est pas un échec mais une pause pour reprendre dès la semaine prochaine", a-t-il expliqué.
Entamée le 7 mars dernier, la grève a duré 5 semaines. Un nouveau préavis de grève a été déposé les 13 avril et 14 avril, à l'orée de la décision du Conseil constitutionnel sur le projet de réforme des retraites et sur le référendum d'initiative partagée.
"Nous restons très fortement mobilisés et allons trouver de nouvelles formes d'actions pour nous inscrire dans le long terme", a ajouté Marin Guillotin, responsable syndical Force Ouvrière à la raffinerie de Donges, citant des actions comme des manifestations, des barrages filtrants et "des choses qu'on ne connaît pas encore".
La raffinerie de Donges, à l'arrêt depuis plusieurs semaines pour des raisons techniques indépendantes de la grève, met environ huit jours à redémarrer. Elle ne pourra donc pas immédiatement reprendre son activité. Mais des livraisons de carburants pourront être effectuées, ont précisé les syndicats.
Des difficultés d'approvisionnement en carburant persistent vendredi en région parisienne, ainsi qu'en région Centre-Val-de-Loire et Pays-de-la-Loire, à l'approche du long week-end de Pâques, selon l'analyse par l'AFP des données du site gouvernemental des prix.
15h13: L'approvisionnement en carburants, perturbé par les grèves contre la réforme des retraites, reste "tendu" vendredi en Ile-de-France à la veille du long week-end de Pâques, selon les remontées des stations et un représentant du secteur pétrolier.
Jeudi, le gouvernement a été empêché par la justice de réquisitionner à nouveau du personnel gréviste chargé du pompage et de l'expédition depuis la raffinerie TotalEnergies normande de Gonfreville-L'Orcher vers l'Ile-de-France et le Centre-Val de Loire. Le tribunal administratif de Rouen a suspendu ces réquisitions pour "atteinte au droit de grève".
L'analyse par l'AFP des données du site gouvernemental des prix des carburants témoigne des difficultés d'approvisionnement persistantes en région parisienne.
Le département le plus touché est le Val-de-Marne où une station-service sur dix (9,52%) est à sec vendredi, et près d'une sur deux (40,48%) en pénurie d'essence.
La situation est à peine plus enviable dans les Hauts-de-Seine et à Paris, avec plus de 30% de stations en manque d'un type de carburant, et dans une moindre mesure dans les Yvelines (24,49%), l'Essonne (20,44%) et la Seine-Saint-Denis (17,78%).
Les taux de rupture sont du même ordre en Centre-Val de Loire et Pays de Loire, ce qui représente un léger mieux comparé à lundi.
En moyenne nationale, 5,7% des stations manquaient d'un carburant, en baisse par rapport au début de la semaine (10%).
L'Ufip, qui représente les entreprises du secteur, estime que "la situation continue de s'améliorer, y compris pour l'Ile-de-France, même si la région est encore sous tension".
L'Ufip assure que cela va aussi en s'améliorant dans les raffineries qui "fonctionnent toujours en mode dégradé" et que "les dépôts sont opérationnels" sauf deux ou trois "encore bloqués" sur 200.
13h50: Les blocages de la bioraffinerie de La Mède, près de Marseille, et des terminaux pétroliers du Grand Port maritime de Marseille-Fos, opérés par Fluxel, ont été levés vendredi, selon des sources syndicales et la direction de TotalEnergies.
La Mède produit de petits volumes de biodiesel et autres biocarburants. TotalEnergies a trois raffineries conventionnelles ailleurs dans le pays, à Gonfreville (Seine-Maritime), Donges (Loire-Atlantique) et Feyzin (Rhône). Jusqu’à vendredi, seule la troisième était en service.
« Le quart du matin sur la plateforme de La Mède a voté non gréviste, donc les manoeuvres de préparation au redémarrage de la raffinerie peuvent reprendre, ainsi que les expéditions de carburants », a indiqué une source syndicale à l’AFP. La grève « a été levée ce matin », a confirmé à l’AFP Fabien Cros, délégué et porte-parole CGT du site.
Mais même si la grève reconductible prend fin à la bioraffinerie de TotalEnergies La Mède, « cela ne veut pas dire qu’on ne continuera pas sous une forme ou une autre », a-t-il poursuivi, estimant que « la motivation des salariés » n’était pas remise en cause face à « un gouvernement jusqu’au-boutiste et radical ».
La direction a souligné de son côté que le mouvement social a été levé à 04H00 du matin, permettant ainsi la « reprise des expéditions et le lancement du démarrage des installations de la bioraffinerie ». Pour les activités de production, « nous ne sommes pas sûrs de pouvoir redémarrer les installations dès cette semaine sans mettre le personnel en danger », a toutefois prévenu M. Cros, alertant sur l’état très dégradé des unités de production. Les activités de dépôt, elles, devraient en revanche pouvoir reprendre plus rapidement, selon lui.
Chez Fluxel, qui gère les terminaux pétroliers du grand Port maritime de Marseille-Fos, « le mouvement a été levé hier (jeudi) soir », selon la même source syndicale qui a annoncé la fin du mouvement à la Mède. « Il risque d’y avoir encore des appels à des manifestations, mais on va vers une levée du mouvement reconductible de grève, il y a une part de fatalisme et de découragement face à l’inflexibilité gouvernementale, pas d’acceptation mais beaucoup de rancoeur et d’amertume qui laisseront des traces », a commenté cette source.
Du côté de la raffinerie de Donges, à l’arrêt depuis plusieurs semaines pour des raisons techniques, la CFDT a également annoncé vendredi la suspension de son mouvement de grève, qui pourrait permettre le redémarrage des expéditions depuis les dépôts. Toujours selon la CFDT, la suspension du mouvement a également été décidée par la CGT, majoritaire sur ce site.
11h27: La Première ministre Elisabeth Borne a assuré vendredi partager « les mêmes objectifs » qu’Emmanuel Macron sur un « besoin d’apaisement » dans le pays, après la publication dans la presse de déclarations qui ont semé le doute sur les relations entre les deux têtes de l’exécutif.
« On échange régulièrement avec le président de la République et je pense que l’on partage la même analyse: il y a besoin d’apaisement dans le pays », a affirmé la cheffe du gouvernement lors d’un point presse à Rodez (Aveyron) où elle s’est déplacée avec le ministre de la Santé François Braun.
« On est parfaitement alignés sur ce sujet », a ajouté Mme Borne qui a marqué sa différence avec Emmanuel Macron dans des déclarations à trois médias (Le Monde, Le Point, RTL) dans lesquels elle a appelé à ne pas « brusquer les choses » avec les syndicats et à respecter « une période de convalescence » dans le pays après la crise provoquée par la réforme des retraites.
Un ton très conciliant qui tranche avec les propos tenus par le président Emmanuel Macron mercredi en marge d’un déplacement en Chine. Interrogée sur une éventuelle rupture avec le chef de l’Etat, la cheffe du gouvernement a assuré que « les choses étaient très claires: le président de la République fixe le cap (et) je travaille à un programme de gouvernement et un agenda législatif ».
« On partage exactement les mêmes objectifs: apaiser le pays et apporter des réponses concrètes et rapides aux Français », a-t-elle souligné. « Je travaille sur la feuille de route qu’il m’a donnée, c’est-à-dire bâtir un programme de gouvernement pour répondre aux préoccupations très concrètes des Français et y répondre rapidement, ainsi que sur un agenda législatif en cherchant des majorités de projet », a expliqué Mme Borne.
09h32: La Première ministre Elisabeth Borne a appelé vendredi à ne pas « brusquer les choses » et à respecter « une période de convalescence » pour éviter que les syndicats ne « sortent humiliés » de la réforme des retraites, selon des propos rapportés par le journal Le Monde.
Ce ton très conciliant tranche avec les propos tenus par le président Emmanuel Macron mercredi en marge d’un déplacement en Chine.
Il avait nié toute « crise démocratique en France », réagissant à des propos tenus par Laurent Berger, à la tête du premier syndicat de France, la CFDT. M. Macron a aussi assuré avoir un mandat clair pour réformer les retraites, et s’est inquiété des « violences » qui émaillent les contestations.
Mme Borne, elle, a insisté vendredi quant au fait d’être « attentifs à ne pas brusquer les choses », deux jours après sa rencontre avec l’intersyndicale et à une semaine de la décision du Conseil constitutionnel sur la réforme.
A la recherche du « bon timing » pour renouer le dialogue, Mme Borne estime qu’il « ne faut pas que les syndicats sortent humiliés de cette séquence » et appelle à « respecter une période de convalescence ».
« Avant d’aller chercher des alliés pour voter les textes, c’est important que l’on dise où l’on veut aller », ajoute-t-elle, toujours selon Le Monde. « Il faut redonner du sens et du souffle à l’action. Je ne suis pas simplement là pour administrer le pays. »
Cette recherche affichée d’apaisement a reçu l’aval de M. Berger qui, interrogé sur BFMTV, a toutefois souligné que les propos de Mme Borne n’enlevait rien aux désaccords de fond sur la réforme elle-même.
Les propos de la Première ministre sont « plus respectueux que ceux qui nous étaient venus de Chine », a-t-il déclaré. « C’est autre chose que de mettre de l’huile sur le feu. »
M. Berger, dont les relations se sont particulièrement tendues avec M. Macron, a souligné qu’« il n’y avait jamais eu problème de respect » avec la cheffe du gouvernement.
Depuis la Chine, l’entourage du Président de la République a, de son côté, assuré que M. Macron se « coordonne » avec Mme Borne, après lui avoir donné fin mars un « cap » en demandant de travailler avec les syndicats à une « feuille de route ».
07h01: Les manifestants sont à nouveau descendus dans la rue jeudi, un peu moins nombreux, pour la 11e fois contre la réforme des retraites alors que les discussions entre syndicats et gouvernement sont dans l'impasse, à une semaine de la décision du Conseil constitutionnel. Les syndicats ont comptabilisé "près de deux millions" de manifestants en France, tandis que le ministère de l'Intérieur en a recensé 570.000, en nette baisse par rapport à la dernière journée d'action du 28 mars (740.000). A Paris, l'Intérieur a compté 57.000 personnes et la CGT 400.000.
Interrogé sur France 5 jeudi soir sur ce fléchissement, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a noté que les mobilisations restaient "importantes". "Oui, ça devient plus dur pour certains salariés parce qu'à chaque fois c'est une perte de salaire", a-t-il ajouté.
L'intersyndicale a néanmoins appelé à une 12e journée de grèves et de manifestations contre la réforme des retraites jeudi 13 avril, à la veille de la décision très attendue du Conseil constitutionnel.
Avant le départ du cortège parisien, la nouvelle secrétaire générale de la CGT Sophie Binet avait fustigé un gouvernement qui "vit dans une réalité parallèle", l'accusant de faire "comme si de rien n'était" face à la "profonde colère" contre la réforme. Image symbolique à Paris, des heurts ont éclaté en milieu d'après-midi aux abords de La Rotonde, célèbre restaurant du quartier Montparnasse où Emmanuel Macron a fêté son score du premier tour à la présidentielle de 2017. Une partie de son auvent en toile a brûlé avant que les pompiers n'interviennent rapidement. Les heurts se sont poursuivis entre plusieurs centaines de manifestants radicaux et les forces de l'ordre et à 19h20, 31 personnes avaient été interpellées à Paris.
A Lyon, des dégradations ont été commises sur le parcours, avec notamment un magasin Nespresso pillé et une voiture Tesla détruite.
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a tweeté vers 20H00 un bilan de 154 blessés parmi les forces de l'ordre et 111 interpellations au niveau national.
Après bientôt trois mois de conflit, les manifestants affichent une détermination à toute épreuve, à l'image de Samy Andrieux, 27 ans à Clermont-Ferrand, prêt à se mobiliser "autant de temps qu'il le faut" et convaincu que "la colère monte vraiment".
Les grèves étaient cependant moins marquées, notamment à la SNCF, avec trois TGV sur quatre et un TER sur deux et, à Paris, un trafic "quasi normal" pour le métro et le RER. Des cheminots ont envahi brièvement l'ancien siège du Crédit Lyonnais à Paris, avec force fumigènes et sifflets. Et la Tour Eiffel était fermée.
Vos réactions
Donc, ces gars ont fait grève pendant 1 mois, et il vont reprendre le travail pour une longue et incroyable période ininterrompue de 7 jours, pour peut-être retomber dans une nouvelle séance de grève. Et assez rapidement, on va arriver aux vacances annuelles... Finalement, cela ne va pas si mal pour eux.
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