Une juge d’instruction parisienne enquête depuis octobre sur la RATP et un sous-traitant, accusés par un ouvrier de l’avoir exposé à l’amiante sans protection pendant 20 ans

Une juge d’instruction parisienne enquête depuis octobre sur la RATP et un sous-traitant, ERI, accusés par un ouvrier de l’avoir exposé à l’amiante sans protection pendant 20 ans, a appris l’AFP mercredi de source proche du dossier confirmée par le parquet de Paris.

Pascal (prénom modifié), 39 ans, employé d’ERI depuis 2001, a obtenu après une plainte avec constitution de partie civile l’ouverture d’une information judiciaire visant son employeur et la régie donneuse d’ordre, notamment pour « mise en danger d’autrui ».

Contacté sur ces accusations par l’AFP, François Lhoutellier, président d’ERI, a répondu que son groupe « a toujours respecté les dispositions du code du travail ».

La RATP a elle indiqué à l’AFP n’avoir « pas connaissance à ce stade de l’ouverture d’une information judiciaire à son encontre », et a évoqué des travaux « conformes à la réglementation concernant la prévention du risque amiante ». Dans un entretien à l’AFP début février, Pascal a assuré avoir travaillé pendant 20 ans à la réfection du réseau électrique des emblématiques stations du réseau parisien, peu ou prou sans équipement de protection respiratoire, et sans avoir été informé avant 2015 de la présence d’amiante dans les réseaux électriques.

Un syndrome anxiodépressif a depuis été diagnostiqué à celui qui s’inquiète pour lui et sa famille. S’il n’a pas développé à ce stade de maladie liée à l’amiante, il sait que cette fibre isolante interdite en France en 1997 est une bombe à retardement, provoquant des années ou décennies après l’exposition des maladies type cancer du poumon ou de la plèvre. D’après lui, certains de ses collègues ne « sont pas bien. Ils ont peur. Ils savent ».

Son avocate, Me Leila Messaoudi, accuse la RATP et ERI de n’avoir pas « respecté les protocoles en matière d’amiante », qui prévoient « des obligations extrêmement précises ». Une première audience côté prud’hommes est prévue vendredi après-midi à Créteil. Pascal demande la résiliation judiciaire de son contrat et l’indemnisation de son préjudice.