07/05/2022 14:31

La Grèce a perdu 38 places dans le classement international de la liberté de la presse, en passant de la 70ème place à la 108ème - "Un sérieux revers", selon Reporters sans frontières

La Grèce a perdu trente-huit places dans le classement international de la liberté de la presse, en passant de la 70ème place en 2020 à la 108ème "sur la période 2021-2022", "un sérieux revers" selon Reporters sans frontières (RSF). Le pays figure désormais à la dernière place sur la liste des pays de l'UE en matière de liberté de la presse, soit derrière la Bulgarie (91ème place) ou la Hongrie (85ème), selon le classement de RSF.

"Des journalistes ont régulièrement été empêchés de couvrir librement les questions migratoires et sanitaires, et l'assassinat, en avril 2021, d'un illustre reporter, Giorgos Karaivaz, n'a toujours pas été élucidé", souligne RSF dans son rapport annuel sur la Grèce. En avril 2021, la Grèce avait été choquée par l'assassinat de Giorgos Karaïvaz, 52 ans, rubricard judiciaire dont les auteurs n'ont pas été identifiés.

"Malgré la promesse d'une enquête rapide, aucune avancée n'a été réalisée pour rendre justice dans l'assassinat" de ce journaliste, abattu en plein jour devant son domicile à Athènes", déplore RSF. Par ailleurs RSF rappelle que "la confiance de la population envers les médias est l'une des plus faibles d'Europe". "Quelques grands groupes privés comme Skai côtoient des centaines de médias en ligne, ce qui contribue à une large fragmentation du paysage médiatique" alors que certains médias "entretiennent des liens étroits avec l'élite politique du pays" ce qui entraîne un paysage médiatique "très polarisé", estime RSF.

La récente loi sur "le délit de diffusion de fausses informations, désormais passible de cinq ans d'emprisonnement", "ouvre la voie à une restriction disproportionnée de la liberté de la presse", souligne également RSF. En raison de la fermeture de nombreux médias pendant la crise économique lors de la dernière décennie et la diminution du budget publicitaire, les médias actuels "sont devenus tributaires des aides gouvernementales" mais dans certains cas "les critères sont opaques" ce qui favorise la presse pro-gouvernementale, selon RSF.

Le puissant syndicat des journalistes d'Athènes (Esiea) a déploré mardi dans un communiqué la dégringolade de la Grèce dans le classement international de la liberté de la presse et appelle "à la vigilance et des mesures pour la protection de la liberté de la presse". Une enquête menée par RSF et Media Freedom Rapid Response (MFRR) et publiée en mars avait constaté "une détérioration de la liberté de la presse depuis la victoire électorale de Nea Dimokratia (Nouvelle-Démocratie, parti de droite NDRL) en 2019, qui est obsédé par +le contrôle du message+ et la minimisation des voix critiques et dissidentes".

Ailleurs sur le web

Vos réactions

Portrait de YVESM
7/mai/2022 - 16h21

En France, la différence c’est que les médias sont libres... de se censurer eux-mêmes.

smiley