04/01/2011 17:10

Vente de sa presse internationale, Lagardère tourne une page

Par Isabelle DENIEUIL

En vendant son pôle de presse international, le groupe Lagardère, numéro un mondial de la presse magazine, tourne une page de son histoire, abandonnant peu à peu la presse, l'un des coeurs de métier du groupe, né autour d'Hachette et de Filipacchi Médias.  

C'est finalement avec l'américain Hearst que Lagardère a choisi de négocier la revente de ses magazines à l'étranger, dont les 42 déclinaisons à l'international du prestigieux Elle, mais aussi celles du groupe Marie-Claire, détenu à 42% par Lagardère Interactive. Ce pôle, qui pèse 711 millions d'euros, emploie 5.000 salariés.  


Au risque d'écorner durablement son image de groupe de presse international, bâti autour du groupe Hachette et Filipacchi par Jean-Luc Lagardère, le groupe piloté par son fils Arnaud se défait de titres qui ont fait sa réputation et son identité.  

Pour l'historien des médias Patrick Eveno, interrogé par l'AFP, "Jean-Luc Lagardère avait bâti un groupe de presse avec une vision à long terme. Aujourd'hui, Arnaud Lagardère ne semble pas très intéressé par la presse", secteur en pleine crise qui peine à prendre le virage du numérique et dont les recettes publicitaires s'effondrent.   En se séparant de ces magazines à l'international, Lagardère abandonne une activité qui représente pas moins de 40% du chiffre d'affaires de ses activités médias.  

Pour l'heure, l'avenir des 42 éditions de Elle, lancé en France en 1945, reste en suspens. Même si Lagardère assure vouloir garder le contrôle éditorial de l'hebdomadaire, il paraît peu probable que cela puisse se faire. "Ce n'est pas à Paris que l'on va décider de la ligne éditoriale de Elle Japon", relève l'universitaire.  

Contacté par l'AFP, le groupe Lagardère s'est refusé à tout commentaire.  

Pour justifier la cession d'un pan historique de son empire, Lagardère, qui se décrit encore comme "un groupe occupant des positions leaders dans le livre, la presse, l'audiovisuel, la distribution et le sport", a assuré qu'il voulait se recentrer sur la France, faute d'avoir "une masse critique" à l'international.   

En lâchant sa presse magazine internationale, très bien valorisée, le groupe a choisi "une stratégie purement financière, une opération lucrative qui va profiter aux actionnaires", explique à l'AFP Thibaut de Smedt, associé d'une banque d'affaires, spécialiste du secteur des médias.  

 Ce retrait progressif des médias presse pourrait être le prélude à d'autres cessions dans le secteur.

Déjà, le groupe avait annoncé qu'il se désengagerait de sociétés dont il n'a pas le contrôle, comme Le Parisien (groupe Amaury), ou le groupe Marie Claire, qui a décliné ses magazines à l'étranger en nouant des alliances avec des groupes de presse implantées localement.  

Pas question en revanche de céder son pôle français et ses titres phares comme Paris Match, Elle français ou le JDD.  

En débauchant Denis Olivennes, jusqu'ici patron du Nouvel Obs, pour coiffer un nouvel ensemble constitué d'Europe 1, de Paris Match, du Journal du Dimanche et de Newsweb (sites internet du groupe), Lagardère s'était déjà clairement recentré sur l'Hexagone.  

Si le groupe Lagardère se défait de sa presse magazine, la cession du pôle édition, beaucoup plus rentable, n'est pas à l'ordre du jour. Un secteur à l'abri, pour l'instant, de la concurrence d'internet, même si la généralisation des tablettes numériques pourrait changer la donne.  

En misant à fond sur le sport, avec sa branche Lagardère Unlimited et la distribution avec Lagardère Services, le groupe lâche peu à peu ce qui a forgé son identité. Patrick Eveno va plus loin: "Le groupe de presse Lagardère va disparaître à plus ou moins brève échéance", prédit-il.

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Vos réactions

Portrait de stefalf
5/janvier/2011 - 09h34

Salut les gens ma petite pensée .... Le père bosse crée une grande et belle socièté française et une grosse fortune et le fils claque l'héritage familial
pour ses caprices d'enfants gaté mais dans tout ça ces les salariés qui payent comme toujours mais en sans fout c'est un proche de Sarko....

Portrait de Rectangle
4/janvier/2011 - 21h56

Tiens, depuis quand ils laissent les noms des journalistes quand ils publient un papier d'angle ici ? Voilà une excellente nouvelle !