
14h45: L'Union européenne et les Etats-Unis se sont dits « profondément inquiets » de la situation des femmes en Afghanistan, appelant les talibans à éviter « toute forme de discrimination et d’abus » et à préserver leurs droits, selon une déclaration commune. « Nous sommes profondément inquiets pour les femmes et filles en Afghanistan, pour leurs droits à l’éducation, au travail et à la liberté de circulation », indique ce texte, co-signé par 18 autres pays dont l’Australie, le Brésil, le Canada, le Sénégal, la Norvège, l’Argentine et la Nouvelle-Zélande.
« Nous appelons ceux qui occupent le pouvoir et les autorités à travers l’Afghanistan à garantir leur protection. Les femmes afghanes, comme tous les Afghans, méritent de vivre en sécurité et dans la dignité. Toute forme de discrimination et d’abus doit être évitée », insiste la déclaration. La communauté internationale « se tient prête à assister (les femmes du pays) avec une aide humanitaire et son soutien, pour s’assurer que leurs voix soient entendues », soulignent les pays signataires.
« Nous surveillerons de près la façon dont tout futur gouvernement (à Kaboul) garantira les droits et les libertés qui sont devenues une partie inaliénable de la vie des femmes et filles en Afghanistan ces 20 dernières années », conclut le texte. Sous le précédent régime des talibans (1996-2001), les femmes avaient interdiction de sortir sans un chaperon masculin et de travailler, et les filles d’aller à l’école. Les femmes accusées de crimes comme l’adultère étaient fouettées et lapidées à mort.
13h10: Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, est critiqué et accusé de "naïveté" mercredi par des responsables politiques, de l'extrême droite à la gauche, pour avoir dit espérer voir les talibans former "un gouvernement inclusif". "Ce n'est pas la même génération" que ceux qui ont contrôlé l'Afghanistan entre 1996 et 2001, avait fait valoir M. Le Drian mardi soir sur franceinfo, "ils ont annoncé qu'ils respecteraient les droits acquis au cours des 20 dernières années en Afghanistan".
"Ils déclarent vouloir acquérir de la respectabilité, de l'honorabilité. C'est à eux de faire la preuve", avait-il poursuivi, jugeant que "la meilleure preuve serait de faire en sorte qu'il y ait un gouvernement de transition, qui soit vraiment inclusif" et qui montre qu'ils "veulent respecter le droit, mettre fin aux violences et faire en sorte que les populations civiles se sentent en sécurité." "Il faut donc un gouvernement inclusif et représentatif qui réponde aux aspirations de la population", avait-il insisté. Les réactions à droite n'ont pas tardé.
"Soit c'est du langage diplomatique, soit c'est d'une naïveté sans nom", a commenté le porte-parole du Rassemblement national Laurent Jacobelli mercredi sur LCI. "S'il souhaite des femmes au gouvernement, il croit au Père Noël, s'il croit que les talibans ont changé, c'est très inquiétant pour la défense de la France", a-t-il ajouté. "La voix de la France ne peut pas dire cela. Ni le cynisme ni la naïveté ne sauraient tenir lieu de politique face au totalitarisme islamiste", a abondé le député Les Républicains Guillaume Larrivé dans un tweet.
"Sidérante déclaration du chef de la diplomatie française… On attend avec impatience un gouvernement taliban LGBTQIA+…", a ironisé sur Twitter le député et secrétaire général adjoint des Républicains Pierre-Henri Dumont. Pour le président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan, "c'est l'"apothéose du fameux +disruptif+ macronien: +Le gouvernement taliban inclusif+ !! Le néant diplomatique a un nom: #LeDrian. La naïveté assassine est en marche", a-t-il lancé sur Twitter.
A gauche, la présidente du groupe PS à l'Assemblée nationale Valérie Rabault s'est demandée dans un tweet "comment le chef de la diplomatie française peut-il tenir ces propos", et a appelé "la communauté internationale" à "ne PAS reconnaître le gouvernement taliban". Mardi, l'Elysée avait souligné que la question de la reconnaissance du régime taliban par Paris ne se posait pas car "la France reconnaît les pays, pas les régimes".
Sur franceinfo, l'écologiste Matthieu Orphelin a opposé à l'"optimisme fort" de Jean-Yves Le Drian un appel à "la plus grande prudence" face à ce qu'il lui "semble, à ce stade, une stratégie des talibans pour montrer qu'ils seraient respectables".
07h54: Un nouveau vol français transportant des personnes évacuées d'Afghanistan a quitté Kaboul dans la nuit en direction d'Abou Dhabi, la capitale des Émirats arabes unis, a-t-on appris auprès de témoins à l'aéroport. La veille, 41 ressortissants français et étrangers avaient déjà été exfiltrés de Kaboul par la France, grâce au pont aérien mis en place par Paris après la prise de pouvoir par les talibans dimanche.
Ces personnes étaient arrivées aux alentours de 17h30 (15h30 GMT) sur le tarmac de l'aéroport parisien de Roissy-Charles-de-Gaulle, dans un A310 de l'armée française aux couleurs bleu blanc rouge, après avoir fait escale à Abou Dhabi.
Cet avion transportait également une soixantaine de militaires français de retour d'opérations extérieures, avait précisé de son côté une source au ministère des armées.
07h06: Le cofondateur des talibans, le mollah Abdul Ghani Baradar, est rentré mardi en Afghanistan à peine deux jours après la prise du pouvoir, les nouveaux maîtres du pays assurant que leurs adversaires seraient pardonnés et que les femmes seraient respectées selon "les principes de l'islam". Face à ce discours apaisant, plusieurs pays, dont la Chine et la Russie, qui n'ont pas fermé leurs ambassades, ont indiqué leur volonté de normaliser les relations avec les nouveaux maîtres du pays.
Les Etats-Unis ont pour leur part indiqué mardi qu'ils étaient prêts à maintenir leur présence diplomatique à l'aéroport de Kaboul après la date limite de retrait fixée au 31 août si les conditions le permettent.
"Si (la situation) est sûre, et si c'est responsable pour nous de rester plus longtemps, nous pourrions envisager cela", a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price. Lors de leur première conférence de presse à Kaboul, les talibans ont assuré que la guerre était terminée et que tous leurs adversaires seraient pardonnés.
"La guerre est terminée (...le leader des talibans) a pardonné tout le monde", a déclaré leur porte-parole Zabihullah Mujahid. "Nous nous engageons à laisser les femmes travailler dans le respect des principes de l'islam". Ils avaient auparavant annoncé une "amnistie générale" pour tous les fonctionnaires d'Etat, appelant chacun à reprendre ses "habitudes de vie en pleine confiance".
Commentant ces engagements, Ned Price a déclaré : "Si les talibans disent qu'ils vont respecter les droits de leurs citoyens, nous attendrons d'eux qu'ils tiennent cet engagement". Le mollah Abdul Ghani Baradar, co-fondateur et numéro deux des talibans, qui dirigeait depuis le Qatar le bureau politique du mouvement, est rentré dans le pays où il devrait être appelé à de hautes fonctions.
"Une délégation de haut niveau menée par le mollah Baradar a quitté le Qatar et atteint notre pays tant aimé cet après-midi et atterri à l'aéroport de Kandahar", dans le sud de l'Afghanistan, a déclaré sur Twitter un porte-parole des talibans. A Kaboul, des magasins ont rouvert, le trafic automobile a repris et des policiers faisaient la circulation, les talibans tenant des postes de contrôle. Mais des signes montraient que la vie ne serait plus celle d'hier.
Les hommes ont troqué leurs vêtements occidentaux pour le shalwar kameez, l'ample habit traditionnel afghan, et la télévision d’Etat diffuse désormais essentiellement des programmes islamiques. Les écoles et universités de la capitale restent fermées.
Depuis qu'ils sont entrés dans la ville dimanche, après une fulgurante offensive leur ayant permis en dix jours de contrôler quasiment tout le pays, les talibans ont multiplié les gestes d'apaisement à l'égard de la population.
Mais pour nombre d'Afghans, la confiance sera dure à gagner. Du temps où ils étaient au pouvoir (1996-2001), les talibans avaient imposé une version ultra-rigoriste de la loi islamique. Les femmes ne pouvaient ni travailler ni étudier, et voleurs et meurtriers encouraient de terribles châtiments.
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C’est bien … qu’ils suppriment leurs femmes ! Plus de femmes , plus de bébé ! Ils ne pourront plus se reproduire donc dans 50 ans plus de talibans !
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