13/07/2021 19:39

Portrait - La chute de Pierre Ménès, l'homme qui se croyait intouchable, cultivait les inimitiés et les attaques violentes contre les joueurs allant même jusqu'à afficher son salaire à 6 chiffres - Vidéo

Mis en cause dans des affaires d'agressions sexuelles, Pierre Ménès s'est imposé en 40 ans de carrière comme une voix clivante mais incontournable du football, sur Canal+ notamment, à coups de remarques acerbes et d'inimitiés célèbres. "Je dis ce que je pense", résumait à l'AFP, en avril 2017, la vedette du "Canal Football Club" dont il a été pendant près de 12 ans "le fond de sauce, le truc qui donne du goût". 

Grande gueule connue pour ses commentaires à l'emporte-pièce, il s'apprêtait alors à reprendre l'antenne après sept mois d'absence, la vie sauvée par une double greffe du rein et du foie après une cirrhose non alcoolique. Un rare moment où il faisait l'unanimité et suscitait la compassion.

Quatre ans plus tard, changement d'ambiance: son comportement envers les femmes, mis en lumière dans un documentaire diffusé en mars, a eu raison de sa collaboration avec la chaîne cryptée, jusqu'alors soupçonnée de l'avoir protégé. "Evidemment on m'envoie une femme", lance-t-il à son avocat, Arash Derambarsh, lors d'un entretien à l'AFP la semaine dernière, pour annoncer son départ de Canal+

. "Il y a 11 ans, Bigard remplissait le Stade de France avec +Le lâcher de salopes+, même si certaines me dénient ce droit, je maintiens que les temps ont changé", se défend celui que Canal+ a embauché pour "secouer le cocotier". "Je ne fais aucune différence entre les femmes et les hommes", assure-t-il, se décrivant comme "quelqu'un d'affectueux, de tactile, de câlin, tous ces trucs qui sont malheureusement impossibles aujourd'hui", après #MeToo.

S'il assure avoir choisi de quitter Canal+, la sortie de terrain paraissait inévitable pour ce spécialiste du foot, passion née à l'adolescence après celle qu'il vouait à l'escrime, pratiqué jusqu'à un accident de mobylette à 15 ans.

Fils d'un assureur et d'une agrégée d'anglais, l'ancien étudiant en histoire et GO au Club Med - où il donnait des cours de tennis - démarre sa carrière de journaliste en 1983 à France Football à l'issue d'une visite des locaux du journal.

Il rejoint l'Equipe l'année d'après et y reste jusqu'au milieu des années 2000, où sa couverture des Invincibles d'Arsenal (saison 2003-2004), portée par sa proximité avec les Français du club (Thierry Henry, Patrick Vieira, Robert Pires) le fait décoller.

Le grand public découvre sa forte personnalité lorsqu'il rejoint M6 en 2005, après une brève expérience comme responsable de la communication du Stade de Reims. Il anime alors "100% Foot" avec Estelle Denis, la "soeur qu'il n'a jamais eue".

En 2009, le directeur des sports de Canal+, Cyril Linette, en quête de "poil à gratter" pour une chaîne qu'il juge "trop lisse", le fait entrer "dans la bergerie" pour "bousculer les conventions", relate un ancien collègue du chroniqueur.

"Footballeur raté", "mauvais", "pipes"... "Pierrot le foot", du nom de son ancien blog pour Yahoo, multiplie à l'antenne les saillies contres les arbitres, les entraîneurs, certains joueurs de l'équipe de France.

Les audiences sont au rendez-vous. "Il est clivant, et comme tous les clivants, les gens adorent", estime l'ancien collègue, qui requiert l'anonymat.

Sauf que "la grande gueule" aux 2,5 millions d'abonnés sur Twitter, autoproclamée "madone des Noirs, des flics et des Arabes", heurte en coulisses.

"Omnipotent", arrivé sur la chaîne cryptée avec "ce sentiment d'être au-dessus des autres", Pierre Ménès se sent "intouchable", ajoute la même source. "C'est quelqu'un qui a des comportements totalement irrespectueux des gens en général, qui se croit tout permis", déplore une ancienne collaboratrice, tout en assurant qu'il n'est pas "un prédateur sexuel".

S'il n'est actuellement visé par aucune plainte pour agression sexuelle, le chroniqueur a fait l'objet d'une information judiciaire pour "harcèlement moral" à la suite d'une plainte en 2020 (après une précédente classée sans suite) de son ancien assistant Emmanuel Trumer, qui l'accuse d'"homophobie" et de "racisme". En retour, il l'a poursuivi en diffamation.

Invité de Le QG, Pierre Ménès a répondu sans détour à une question posée par Jimmy Labeeu et Guillaume Pley sur ce qu’il avait déclaré aux impôts pour l’année 2019 :

"Mon revenu fiscal déclaré ? euh….170.000 euros pour l’année. Moi je suis fier de gagner de l’argent. En France, gagner du pognon c’est mal, mais moi je suis fier. Je précise que cette somme c’est avant de payer les impôts évidemment. Mon plus gros cachet publicitaire ? 160.000 euros pour la pub Feu Vert, et il y avait une pub à la télé, et elle a fait plus de 50 millions de téléspectateurs en cumulé. J’aurais pu demander plus."

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Vos réactions

Portrait de lucieat
14/juillet/2021 - 12h26

Je ne veux pas être méchante, mais il se croyait irrésistible ou quoi?  avec le physique qu'il a !!! il est assez répugnant à voir et ne parait pas être un type sympa

Portrait de Enzo06
13/juillet/2021 - 15h09

Personne n'est irremplaçable ni incontournable à la télévision :la preuve.