Le groupe Lagardère a confirmé lundi qu'il étudiait sa transformation en société anonyme, un bouleversement de gouvernance qui ferait perdre à son patron Arnaud Lagardère le contrôle absolu du groupe hérité de son père, propriétaire d'Hachette Livre et de plusieurs médias dont Europe 1 et Paris Match. Le passage à une gouvernance plus classique marquerait le dénouement d'un conflit actionnarial entamé il y a plusieurs années.
Selon des médias dont Le Point et Les Echos, les actionnaires du groupe --à savoir Arnaud Lagardère, Bernard Arnault (Groupe Arnault), Vincent Bolloré (Vivendi), Joseph Oughourlian (Amber Capital), le fonds souverain du Qatar et la Caisse des dépôts-- sont sur le point de parvenir à un accord, après plusieurs mois de tractations.
"Lagardère SCA confirme qu'elle étudie actuellement un projet de transformation en société anonyme, au sujet duquel des discussions sont en cours entre elle et ses principaux actionnaires", selon un communiqué du groupe diffusé lundi matin. Un conseil de surveillance s'est tenu lundi, mais le sujet n'a pas été tranché, a indiqué en fin de journée à l'AFP une source proche du dossier, précisant que les négociations sur le changement de statut se poursuivent.
La fin de ce statut atypique, rempart contre les prises de contrôle actionnariale et qui donne aux associés-commandités un pouvoir quasi-total sur le groupe, est une demande de longue date du plus fervent détracteur d'Arnaud Lagardère, le fonds britannique Amber Capital.
Signe que le marché réagissait favorablement à la perspective de voir le groupe redevenir "opéable", le titre Lagardère s'est envolé à plus de 8% à l'ouverture de la Bourse de Paris, avant de ralentir l'allure en cours de séance: l'action a clôturé en hausse de 3,54% à 23,42 euros.
"Normalement, le principe de suppression de la commandite est acté. (Si l'accord est signé), c'est le début d'une nouvelle ère", a affirmé à l'AFP une source proche du dossier. "Lagardère redeviendra une entreprise normale avec des actionnaires enfin représentés", a ajouté cette source.
Quant à Arnaud Lagardère, gérant-commandité depuis le décès de son père Jean-Luc en 2003, il retrouverait, "en échange de son contrôle absolu et anormal, des moyens financiers" pour supporter son lourd endettement personnel. Cependant, dans ce dossier qui a connu de multiples revirements, "il n'y a pas de certitude quant à l'aboutissement des discussions en cours", indique le communiqué de Lagardère.
Arnaud Lagardère s'était montré en octobre ouvert à une "décommandite", à condition que les actionnaires ne cherchent pas à avoir son "scalp".
Selon la presse, à ce stade des négociations, le dirigeant aurait accepté de renoncer à son statut protecteur en l'échange d'un poste de PDG jusqu'en 2026 et l'équivalent d'environ 200 millions d'euros en nouvelles actions. Il détient aujourd'hui 7% des parts. Mais les négociations portent aussi sur le devenir des actifs du groupe. Vincent Bolloré, aux manettes de Vivendi entré au capital de Lagardère il y a un an et devenu depuis son premier actionnaire, ne cache pas son intérêt pour la radio Europe 1 et la branche d'édition qu'il pourrait marier à Editis.
Sous le coup de la crise sanitaire, le groupe Lagardère a creusé sa perte en 2020, à 660 millions d'euros. Le chiffre d'affaires global s'est effondré de 38% sur l'année. Il doit publier mardi matin son chiffre d'affaires sur le premier trimestre 2021.
Vos réactions
Réagissez
Nouveau ?
Inscrivez-vousDéjà membre ?
Mot de passe oublié ?