
L'association Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé "le climat de pression et de dénigrement systématiques qui entoure certaines enquêtes journalistiques" sur le secteur agro-industriel breton, appelant une entreprise locale à retirer sa plainte envers une journaliste. L'association de défense de la liberté de la presse monte au créneau à l'approche du procès le 28 janvier pour diffamation de la journaliste d'investigation indépendante Inès Léraud et du média en ligne "Basta !", qui a publié ses enquêtes sur l'agro-industrie bretonne. Tous deux sont poursuivis par le grossiste de fruits et légumes Jean Chéritel et son entreprise Chéritel Trégor Légumes, après la parution d'un article en mars 2019 exposant "les méthodes managériales du groupe et ses pratiques frauduleuses, sur la base de témoignages et de condamnations passées pour travail illégal et fraude à l'étiquetage", détaille RSF dans un communiqué. "Les pressions et les procédures dont la journaliste Inès Léraud fait l'objet sont un message très clair pour tous les journalistes bretons : n'enquêtez pas sur les pratiques de l'agro business de votre région, le prix est bien trop cher payé !", estime Pavol Szalai, responsable du bureau UE/Balkans de RSF, cité dans le communiqué.
Pour Inès Léraud, cette plainte est aussi "une manière d'identifier et d'intimider mes sources journalistiques". "Il s'agit de faire silence autour des pratiques de l'entreprise et de s'assurer qu'elle ne fasse l'objet d'aucune enquête", ajoute la journaliste dans le communiqué. Spécialiste des enquêtes mêlant environnement et santé, Inès Léraud, avait déjà été la cible de pressions lors de la parution de son enquête "Algues vertes, l'histoire interdite" co-écrite avec Pierre Van Hove sous forme de bande dessinée. Fruit de trois ans d'enquête sur le terrain, l'ouvrage, qui a obtenu le prix du meilleur livre de journalisme aux Assises du journalisme en 2020, dénonce la pollution et la toxicité de ces algues apparues avec l'agriculture intensive. Après sa parution, la journaliste avait été visée par une plainte pour diffamation finalement abandonnée. En mars 2020, "sous la pression d'élus locaux, l'invitation d'Inès Léraud a été annulée au salon du livre de Quintin et la traduction de la BD en breton envisagée dans un premier temps par une maison d'édition a notamment été suspendue sine die", explique RSF. Le climat s'est "détérioré de façon inquiétante" en Bretagne envers les journalistes enquêtant sur le secteur agro-industriel, comme pour ceux de "Radio Kreiz Breizh" dont les locaux ont été forcés, et le domicile de l'un d'entre eux a été "visé par un acte grave de malveillance".
Vos réactions
Ah bas ça je connais, dans certains milieux et sous certains aspects la Bretagne ressemble à la Corse. Autre point commun entre les deux régions, les appuies politiques de poids au parlement.
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