L'annonce-choc d'Emmanuel Macron d'imposer le couvre-feu dans les grandes métropoles contre la propagation du Covid-19 rappelle de mauvais souvenirs et annonce des moments de tristesse, s'émeut jeudi la presse. Le dessinateur de L'Union, Chaunu, met en scène un couple de vieux, calés dans leur fauteuil face à la télévision. "On est occupés par qui?", s'inquiète la dame en entendant le président de la République parler du couvre-feu. "Par le Covid", lui répond son mari.
"La réduction durable des loisirs et des réunions conviviales sont des épreuves qui doivent être partagées et acceptées par le plus grand nombre, le quotidien est forcément fade et on est loin d'entrevoir un retour à la vie d'avant", observe l'éditorialiste de L'Union Hervé Chabaud. "On se trouve à un tournant d'une société qui doit inventer de nouveaux repères pour réapprendre à être une nation de citoyens solidaires capables d'espérer encore", ajoute-t-il.
L'éditorialiste du Figaro, Vincent Trémolet de Villers, prévoit des "jours tristes" pour les millions de Français qui vont devoir se priver de sorties nocturnes. "Emmanuel Macron a prononcé le mot +couvre-feu+ et avec lui ce qu'il porte de symboles historiques, de vie réduite, de tristesse collective", s'émeut l'éditorialiste.
Et de regretter: "La police, quand elle ne sera pas confrontée aux artificiers de Champigny-sur-Marne ou aux agresseurs d'Herblay, devra surveiller et punir, après 21 heures, de simples promeneurs, pourtant sagement masqués, sur la voie publique. Ce n'est pas une bonne nouvelle". La mesure annoncée mercredi soir "ne va pas remonter le moral du pays", parie François Wojtalik dans le Courrier Picard.
La France, selon lui, "souffre d'une véritable dépression collective, qui affaiblit sa capacité à réagir rationnellement. Le temps semble suspendu entre un paradis perdu - nos vies d'avant - et un avenir inquiétant". "Vingt millions d'habitants sous le régime du couvre-feu dans la région parisienne et huit métropoles. Sur 67 millions de Français", compte Maurice Bontinck dans Charente Libre. "En temps de paix, une grande partie du pays devra vivre pendant au moins quatre semaines sans bouger le soir de son domicile. Comme dans une zone occupée par le Covid", ironise-t-il.
"Au printemps, tout le pays vivait sous le même régime du confinement mais à l'automne, l'objectif n'est pas global, il est ciblé: faire de ce couvre-feu un +couvre-fêtes+ privées entre 21h et 6h du matin", note l'éditorialiste.
Libération parie de son côté que "le couvre-feu va réduire drastiquement les accidents de la route". "Et en décembre on verra bien", écrit Dov Alfon.
En une, le journal souhaite une "bonne nuit" à ses lecteurs sur fond d'une photo nocturne. "Qu'on le veuille ou non, le couvre-feu est une privation de liberté", souligne Patrice Chabanet dans Le Journal de La Haute Marne. "Nécessité fait loi, dira-t-on. Et la lutte contre une pandémie inédite peut justifier des contraintes dans la vie quotidienne de nos concitoyens. Mais les Français restent chatouilleux dès lors que leur liberté de mouvement est écornée", insiste-t-il.
En une, L'Opinion écrit que "Macron impose le sans-contact". Son dessinateur KAK montre une serveuse de bar face à un client penché sur la carte des vins alors que se rapproche l'heure fatidique du couvre-feu. "Un conseil pour le vin?", demande-t-elle. "Avec quoi je peux être torché en 45 minutes?", répond-il, les yeux sur la montre.
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