Vincent Dedienne
Le militant britannique de droite Darren Grimes a dénoncé une atteinte à la liberté d'expression en révélant être soupçonné d'incitation à la haine pour avoir mené une interview d'un historien dont les propos avaient fait scandale. Dans cette interview, postée sur la chaîne YouTube Reasoned UK le 30 juin dernier, l'historien David Starkey, 75 ans, déclarait: "L'esclavage n'était pas un génocide, sinon il n'y aurait pas autant de foutus noirs en Afrique ou en Grande-Bretagne, n'est-ce pas? Un tas d'entre eux ont survécu".
Ces propos avaient scandalisé. Dans la foulée, M. Starkey avait quitté sa fonction honoraire à la prestigieuse université de Cambridge et avait été lâché par son éditeur HarperCollins. Darren Grimes s'était dissocié des propos de cet historien spécialisé sur la période Tudor (16e siècle) une époque où la traite des esclaves était en pleine expansion dans les colonies européennes aux Caraïbes et dans les Amériques, reconnaissant qu'il aurait dû l'interroger avec "plus de fermeté".
M. Starkey lui même s'était excusé après l'interview, regrettant ses propos qu'il a lui-même jugé "incendiaires" dans le contexte des manifestations liées au mouvement Black Lives Matter. Le jeune homme, qui a fait activement campagne pour le Brexit, a expliqué avoir été contacté cette semaine par la police londonienne, s'indignant des répercussions de ces poursuites sur la liberté d'expression.
"J'ai été accusé d'avoir incité à la haine raciale pour une interview que j'ai faite avec le Dr David Starkey en juin dernier", a déclaré Darren Grimes dans une vidéo postée sur Twitter. "Je trouve que c'est une utilisation scandaleuse de l'argent du contribuable et ça nuit à la confiance que nous portons à la police en tant que citoyens", a-t-il ajouté.
"Quelle sorte de précédent cela va-t-il créer si les journalistes et les présentateurs sont arrêtés si les personnes qu'ils interviewent disent des chosent pouvant être considérées comme incitant à la haine ?", a dit le militant.
Dans un communiqué, la police de Londres a expliqué enquêter sur une présumée "infraction à l'ordre public liée à une vidéo mise en ligne le 30 juin", date de la publication de l'interview.
"Cette question fait actuellement l'objet d'une enquête", a indiqué la police. "Les décisions de la police d'enquêter sur des cas particuliers sont clairement une question qui lui revient et sur laquelle je ne peux pas faire de commentaire, mais en règle générale, il est important que la loi protège la liberté d'expression", a réagi sur Twitter la ministre de l'Intérieur, Priti Patel.
L'ancien ministre de l'Intérieur Sajid Javid a dénoncé l'ouverture de cette enquête, tout en condamnant fermement les propos de l'historien. "Les commentaires de David Starkey étaient épouvantables. Mais l'idée qu'il est approprié de poursuivre les journalistes pour les propos des personnes qu'ils interviewent est tout à fait absurde", a réagi le ministre conservateur sur Twitter, espérant que la police "reconsidèrerait" sa décision.
Le député travailliste Karl Turner, a lui estimé que la liberté d'expression "ne donne pas aux gens la liberté de faire des remarques racistes ou d'offenser".
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