02/08/2020 17:31

Usé par les diverses oppositions et lassé d'attendre un feu vert incertain des autorités du football anglais, le fonds d'investissement souverain saoudien renonce à son projet de rachat de Newcastle

Fin du rêve pour les supporters de Newcastle. Usé par les diverses oppositions et lassé d'attendre un feu vert incertain des autorités du football anglais, le fonds d'investissement souverain saoudien a renoncé à son projet de rachat du club. "Avec un profond respect pour la communauté de Newcastle et l'importance de son club de football, nous en sommes arrivés à prendre la décision de retirer notre offre pour l'acquisition du Newcastle United Football Club", explique un communiqué du consortium révélé dans un premier temps par Sky Sports.

Fin mars, les fans des Magpies avaient pourtant cru que c'était Noël au printemps avec cette offre de rachat de 300 millions de livres (333 M EUR). Dans une période où la crise économique liée au Covid-19 commençait tout juste à se faire sentir, l'arrivée de riches investisseurs était presque inespérée. Elle laissait augurer de l'émergence, dans le nord de l'Angleterre, d'un nouveau rival pour Liverpool, les deux Manchester ou les clubs londoniens, dans une Premier League toujours plus compétitive.

Mauricio Pochettino sur le banc, Kalidou Koulibaly en défense, Philippe Coutinho et Adrien Rabiot au milieu, Edinson Cavani et Gonzalo Higuain en attaque, les cibles potentielles d'un recrutement 5 étoiles avaient fleuri dans la presse. Improbable pour ce club qui n'a connu la première moitié de tableau que deux fois depuis la saison 2006/07, subissant même deux relégations en Championship, la deuxième division.

Très vite pourtant, les obstacles se sont multipliés en raison du rôle majeur joué par le Fonds d'Investissement Public (PIF) saoudien, qui devait détenir 80% des parts du club à la fin de l'opération, et surtout de la personnalité de son principal dirigeant, le prince héritier Mohammed ben Salmane. Les associations de défense des Droits de l'Homme, comme Amnesty International, rapidement rejoints par Hatice Cengiz, fiancée de Jamal Khashoggi --un journaliste saoudien assassiné fin 2018 dans le consulat d'Arabie Saoudite à Istanbul par un commando venu du Royaume--, avaient conjuré la Premier League de ne pas offrir une vitrine à l'Arabie Saoudite.

Le prince héritier Mohammed ben Salmane, désigné par des responsables turcs et américains comme le commanditaire du meurtre, a dit plus tard assumer, en tant que dirigeant, la responsabilité de ce crime, tout en niant en avoir eu connaissance avant qu'il ne soit commis. Le retrait des Saoudiens "est une victoire pour les droits de l'Homme et l'honnêteté, et une défaite claire pour Mohamed ben Salmane et ses efforts pour utiliser le sport afin de blanchir son bilan sur les droit de l'Homme", a commenté dans la soirée Mme Cengiz dans un communiqué. Un deuxième front s'était ouvert quand la chaîne qatarie beIN Sports avait accusé l'Arabie Saoudite d'être derrière BeoutQ, un système de piratage des images sportives. Un angle d'attaque qui visait la Premier League à son point sensible: le portefeuille, puisque beIN est un diffuseur majeur des images du championnat anglais dans le monde.

L'Organisation mondiale du commerce (OMC) lui avait donné partiellement raison en juin, en estimant dans un rapport que les autorités saoudiennes n'avaient pas agi assez fermement contre ce piratage. Concentrée sur la reprise du championnat, la Premier League a laissé traîner les choses au point de lasser le PIF et ses associés, le fonds d'investissement britannique PCP Capital Partners et Reuben Brothers, une autre société d'investissement britannique appartenant à la deuxième fortune du Royaume-Uni, les frères David et Simon Reuben.

"Nous le faisons avec regret, car nous (...) pensions pouvoir ramener le club à une position digne de son histoire, de ses traditions et de ce que ses supporters méritent", poursuit le consortium dans le communiqué. Les effets toujours difficilement mesurables à long terme du Covid-19 ont aussi fortement pesé. "Nos hypothèses d'investissements n'étaient plus soutenables surtout en l'absence de clarté sur les circonstances dans lesquelles la saison à venir démarrera", a avancé le consortium pour expliquer sa volte-face. Reste à savoir ce que fera maintenant Mike Ashley, le très impopulaire propriétaire depuis 2007 du club dont il semble se désintéresser. Fin juin, alors que la procédure s'enlisait, des médias avaient évoqué la possible émergence d'un "chevalier blanc": Henry Mauriss, magnat américain des télés dans les aéroports. Pour les supporters dépités des Magpies, tout espoir n'est peut-être pas perdu.

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