12/04/2020 14:01

Coronavirus - "Le démocrate de l'Aisne", qui assure être le dernier journal au monde imprimé au plomb, est contraint à suspendre sa publication

Il a résisté à deux guerres mondiales et à la révolution numérique... Mais "Le démocrate de l'Aisne", qui assure être le dernier journal au monde imprimé au plomb, est lui aussi menacé par la pandémie de coronavirus, et contraint à suspendre sa publication. "Depuis le début du confinement, les délais de poste sont rallongés. Nous n'avons plus d'informations locales à donner car toutes les manifestations sont annulées. Nos clichés ne nous sont pas livrés... ", explique à l'AFP Jacques Piraux, 78 ans, rédacteur en chef de l'hebdomadaire basé à Vervins (nord-est de l'Aisne).

"Quant au personnel, il est composé de deux retraités (pour qui les reportages seraient risqués, ndlr) et de trois jeunes personnes (occupées avec leurs) enfants...", ajoute-t-il, estimant ne pas avoir d'autre choix que de cesser sa parution. Pourtant, le journal a résisté à "tous les pépins", notamment à "l'arrivée de l'informatique", relève M. Piraux, qui consacre depuis 33 ans tout son temps à sa passion pour publier ce journal de quatre pages, vendu 60 centimes et tiré à 1.400 exemplaires.

"En 114 ans, la publication a été arrêtée seulement deux fois, pendant les deux guerres mondiales en 1914 et 1940!" Aujourd'hui, le "Démocrate" compte 1.180 abonnés, certains "aux quatre coins du globe", comme à "Sydney, Taïwan, en Allemagne ou en Amérique", énumère le directeur, fier que son journal soit d'ailleurs "le dernier au monde" imprimé au plomb. "Il y en avait un autre aux Etats-Unis mais ils ont arrêté l'année dernière..."

"Quel sera notre avenir?", s'interroge aujourd'hui M. Piraux, qui n'ose pas imaginer la perspective d'un passage au numérique, contraire à l'esprit de son journal. "Je n'ai pas tenu 33 ans pour préserver un patrimoine unique de la presse et de l'imprimerie, pour aller sur internet!" Il veut toutefois garder l'espoir que la suspension reste temporaire. "Le Démocrate doit repartir (...) Comment pourrais-je imaginer qu'un effroyable virus vienne mettre un terme à cette belle aventure humaine et technique?", écrit-il ainsi dans le dernier numéro. "Le cliquetis de la linotype, le bruit des roulements de la rotative se feront de nouveau entendre. Et par la porte entrouverte, sortira l'odeur exceptionnelle et si particulière de l'encre et du plomb chaud", ajoute-t-il.

Ça peut vous interesser

Ailleurs sur le web

Vos réactions