24/04/2019 22:10

L'acteur culte français Jean-Pierre Marielle est décédé à l'âge de 87 ans des suites d'une longue maladie , annonce sa famille

Le comédien Jean-Pierre Marielle, inoubliable interprète de Monsieur de Sainte-Colombe dans "Tous les matins du monde" (1991) et grande figure du cinéma et du théâtre français, est mort mercredi à l'âge de 87 ans, a annoncé sa famille à l'AFP.

"Agathe Marielle a la tristesse d'annoncer que son mari, l'acteur Jean-Pierre Marielle, s'est éteint le 24 avril à 16h24, à l'hôpital des Quatre Villes à Saint-Cloud des suites d'une longue maladie. Les obsèques se dérouleront dans la plus stricte intimité", a annoncé son épouse dans un communiqué.

"J'ai été dans tous les genres avec des gens qui ont très bon genre", disait-il avec l'humour de celui qui, désabusé, prétendait être revenu de tout et de tous... Sauf des jolies femmes, comme il le montre si bien dans la tragi-comédie "Les Galettes de Pont-Aven" de Joël Séria (1975).

De grande taille, larges épaules, moustache fournie, barbe poivre et sel, regard ironique, narquois, il aimait bien jouer les sales bonhommes, les beaufs bêtes et méchants, cyniques: "pour un acteur, ce n'est pas très intéressant de jouer un type sympa. L'instabilité, le trouble sont beaucoup plus riches".

Il a été sept fois nominé aux César sans en remporter un seul. Mais ne rien obtenir dans les "comices agricoles télévisuels" lui était indifférent, disait-il: "Les César ? J'en ai rien à foutre!" Des récompenses, il en glanera toutefois à la télévision ("7 d'or 1993" du meilleur comédien pour "La controverse de Valladolid", d'après Jean-Claude Carrière) et au théâtre (Molière 1994 du comédien pour "Le retour" d'Harold Pinter)

Admettant avoir parfois joué dans des films et des pièces très "oubliables", il cultivait l'humour grinçant et intimidait ses interlocuteurs d'un grand rire et d'une voix d'ogre qui lui permettaient de justifier son caractère rugueux: "Vous aimez qu'on vous emmerde, vous ? Pas moi". Né à Paris le 12 avril 1932, ce Bourguignon fils d'un industriel de l'agroalimentaire et d'une mère couturière, qui grandira à Dijon, est aiguillé vers le théâtre par son professeur de lettres. Sorti du Conservatoire de Paris dans la même fournée que Jean-Paul Belmondo, Bruno Cremer, Claude Rich, Françoise Fabian et Jean Rochefort, l'ami de toute une vie, il décroche son premier rôle dans "Le mariage forcé" (Molière) en 1953. Stagiaire à la Comédie-française, il entame une carrière dans le théâtre léger, fait du cabaret avec Guy Bedos.

Il en oublie le cinéma. La Nouvelle Vague l'ignore: il est alors catalogué acteur burlesque et de boulevard. Pourtant, avec Claude Régy, Delphine Seyrig et Jean Rochefort, il va contribuer à populariser dans l'Hexagone les auteurs anglo-saxons comme Edward Albee ou Harold Pinter. Et, s'il apparaît dans des comédies de boulevard, il joue aussi, des années 60 aux années 2000, du Claudel, du Tchekhov ou du Pirandello.

Au cinéma, après de timides débuts en 1960, il lui faut attendre une décennie et une bonne vingtaine de rôles avant de se faire remarquer. C'est à partir de 1969 que ses personnages les plus consistants arrivent. On le voit dans "Le diable par la queue" de Philippe de Broca, "Sex-shop" de Claude Berri, "La valise" de Georges Lautner ou "Comment réussir quand on est con et pleurnichard" de Michel Audiard.

 S'ensuit une intense activité devant les caméras. Il enchaîne (comme par exemple en 1976) jusqu'à cinq films par an, tournant sous la direction de Blier, Labro, Molinaro, Mocky, Sautet, Tavernier, Miller et d'autres. A son répertoire : "Que la Fête commence", "Dupont Lajoie", "L'imprécateur", "Coup de Torchon", "Tenue de soirée", "Uranus", "Un, deux, trois, soleil", "La Petite Lili", "Les âmes grises" etc.

Modeste, il adorait briser le mythe de la vocation du grand acteur : "Je ne suis sensible ni à l'odeur des éponges à maquillage ni à la poussière des coulisses. Je ne suis qu'un amateur défrayé. Je n'ai jamais rien pris au sérieux, je n'ai pas grand-chose à dire et je ne sais pas le dire".

Discret sur sa vie privée - marié à l'actrice Agathe Natanson, il avait un fils d'un précédent mariage -, il aimait le vélo, le jazz et New York.

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Vos réactions

Portrait de bichon33
25/avril/2019 - 15h08
oralsf1 a écrit :

Signes extérieurs de richesse : un de ses meilleurs! Et n'oublions pas LA VALISE, CAUSE TOUJOURS TU M'INTERESSES et WEEK-END A ZUYDCOOTE

Tous ces films sont bons . Mon préféré reste" Bouvard et Pécuchet" que je revois régulièrement en DVD! Un excellent film qui suit à la lettre le roman de Flaubert. Un hymne à la bêtise. Dans " Coup de torchon " il est irrésistible en crétins de concours !!Il y campe deux frères abrutis; L'un méchant ,l'autre plus sympathique.

Portrait de oralsf1
25/avril/2019 - 09h26
Mikah2307 a écrit :

Pas lui!smiley je l'adorai cet acteur! reconnaissable entre tous grâce à sa voix de stentor! je me souviens de lui dans les galettes de pont aven! Je vous recommande: signe extérieur de richesse (1983).Un grand du cinéma s'en va! fait chier! RIP!

Signes extérieurs de richesse : un de ses meilleurs! Et n'oublions pas LA VALISE, CAUSE TOUJOURS TU M'INTERESSES et WEEK-END A ZUYDCOOTE

Portrait de Morlock3
25/avril/2019 - 07h09

R.I.P

Portrait de ajc21
24/avril/2019 - 23h58

Adieu Monsieur; et quelle journée de merde

Portrait de Jilou1994
24/avril/2019 - 23h46

Immense comédien. Nous prions pour lui. 

Portrait de Dolau
24/avril/2019 - 22h41 - depuis l'application mobile

Quelle journée !! Dick Rivers, Ken Kercheval et maintenant Jean-Pierre Marielle

Portrait de FLT
24/avril/2019 - 22h33

smiley

Portrait de Suzie Goto
24/avril/2019 - 22h29

Un acteur de génie !