Catherine Lucey Jadis sans-papiers malien fuyant les contrôles de police, Lassana Bathily, 25 ans, est depuis un an le "héros" de l'Hyper Cacher, devant qui on déroule le tapis rouge. Une nouvelle vie qu'il raconte dans un livre publié mercredi.
"Ah, voilà mon Français préféré!" C'est en ces mots que François Hollande a accueilli à l'Elysée un Lassana Bathily plutôt gêné, le 25 janvier 2015.
"Je ne suis pas un héros", proteste depuis le jeune homme au regard doux, en écho au titre de son livre publié par les éditions Flammarion un an presque jour pour jour après l'attaque.
C'était un vendredi, à quelques minutes de la fin de son service. Lassana Bathily, manutentionnaire, rangeait des cartons de surgelés au sous-sol du supermarché casher, quand il entend des tirs et voit une quinzaine de personnes débouler.
En haut, un jihadiste, Amédy Coulibaly, a pris en otage des clients et ordonne à une caissière d'aller chercher ceux restés en bas. Une partie remonte, l'autre refuse. Lassana Bathily leur propose d'utiliser le monte-charges pour gagner l'issue de secours.
Personne n'ose le suivre. Alors Lassana Bathily éteint la lumière et le moteur du congélateur où se réfugie le groupe. Et prend seul le monte-charges. "Mon coeur battait si fort que j'avais peur qu'on l'entende". Il parvient à s'enfuir et aidera la police, en dessinant les plans du magasin.
Le soir, il est interviewé par une équipe de télévision puis rejoint son foyer de jeunes travailleurs. "Le matin je me suis connecté sur Facebook, 800 personnes m'avaient rajouté comme ami. Mon téléphone n'arrêtait pas de sonner. Je me suis dit: +Mais qu'est-ce qu'il m'arrive?+"
Quelques jours plus tard, flottant dans un costume neuf, il obtient la nationalité française dont il rêvait "depuis (son) enfance". Puis rentre auréolé de gloire au Mali, d'où il était parti à 16 ans pour tenter sa chance à Paris.
Le président Ibrahim Boubacar Keïta félicite son compatriote: tandis qu'Amédy Coulibaly, aussi d'origine malienne, avait "jeté le drapeau malien par terre, tu l'as redressé".
Depuis, le "blédard" a multiplié voyages et distinctions.
Le monde entier encense ce jeune musulman au fin collier de barbe qui avait l'habitude de prier dans le sous-sol de l'Hyper Cacher et y a ce jour-là sauvé des juifs. Certains otages grincent des dents. "A aucun moment, au sous-sol, je n'ai vu Lassana Bathily accomplir un acte héroïque", écrit Yohann Dorai, expliquant avoir lui-même coupé les fils du moteur du congélateur où il était réfugié.
Yohann Dorai dédie son livre, "Hyper Caché" (Ed. du Moment), à Yohav Hattab, étudiant de 22 ans tué par Coulibaly en tentant de s'emparer d'une de ses armes.
Pour le parrain républicain du jeune Malien, Denis Mercier, qui le suit depuis le lycée, "Lassi" n'est pas un héros mais "un gamin de 25 ans qui a fait un truc bien et tant mieux".
Vos réactions
Mon dieu comment pouvez vous être haineux de la sorte
L'Hyper Cacher vendu la veille de la prise d'otages... un sans papier donc sans contrat de travail, bravo l'employeur pour non déclaration et payement des cotisations.
Ensuite il a effectivement proposé de s'enfuir par le monte charge mais préférence du groupe à se mettre dans la chambre froide... pas très persuasif, lui par contre a fuit par ce même monte charge, alors oui il a fait un truc bien mais la notion de héros est excessive ou alors il aurait du pendre l'enfant dans ses bras.
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