
La justice allemande a annoncé lundi classer une enquête pour trahison d'Etat visant un blog spécialisé dans le numérique et qui a suscité une vaste polémique sur la liberté de la presse, jusqu'au limogeage du procureur général.
"Le procureur général a classé l'enquête sur des soupçons de révélations répréhensibles de secrets d'Etat", indique dans un communiqué le parquet fédéral de Karlsruhe (sud-ouest).
"Il part du principe en accord avec le ministère de la Justice qu'il ne s'agit pas, concernant les documents publiés, de secrets d'Etat". Le procureur général, Harald Range, a été contraint la semaine dernière de suspendre cette enquête par son ministère de tutelle avant d'être contraint de démissionner pour avoir accusé le ministre de la Justice, Heiko Maas, d'atteinte à l'indépendance de la justice. Un procureur par intérim a été nommé, Gerhard Altvater.
L'enquête, initiée en mai, visait deux journalistes du blog Netzpolitik.org, Markus Beckedahl et André Meister, qui ont publié en début d'année des documents sur des projets de surveillance en ligne par le renseignement intérieur. Ce blog est spécialisé dans la défense des droits des acteurs du numérique. La révélation de cette enquête préliminaire a fait l'effet d'une bombe, de nombreuses voix s'élevant contre une atteinte manifeste à la liberté de la presse et une tentative d'intimidation de journalistes d'investigation. C'est d'ailleurs la première fois que des journalistes sont visés par une telle enquête depuis les années 60.
L'un des deux reporters, le rédacteur en chef Markus Beckedahl, a indiqué ne pas être étonné que cette enquête soit arrêtée car "il s'agissait d'une construction juridique affligeante". Il a assuré toutefois que cette affaire n'était pas terminée. "Nous exigeons de la transparence pour savoir si dans le cadre de cette enquête nous avons été victimes de surveillance (...) Nous voulons savoir comment on en est venu à cette enquête", a-t-il indiqué.
Le procureur général a néanmoins assuré lundi que l'enquête se poursuivait concernant les responsables des services de renseignement intérieur qui auraient pu fournir des documents au blog. Elle sera menée par les autorités judiciaires régionales compétentes et porte sur une "violation du secret professionnel".
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