01/08/2015 07:01

La liberté de la presse acquise avec la révolution de 2011 en Tunisie serait menacée selon le syndicat des journalistes

La liberté de la presse acquise avec la révolution de 2011 en Tunisie après des décennies de dictature est menacée par des projets de loi mais aussi par certains journalistes eux-mêmes, a averti le syndicat des journalistes .

"De vrais dangers menacent la liberté de la presse", a déclaré le président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Néji Bghouri. Elle est menacée "tous les jours par des lois et des projets de loi qui tentent de la ramener en arrière", a-t-il dit.

M. Bghouri s'exprimait lors d'une conférence de presse conjointe avec l'ONG Reporters sans frontières (RSF), consacrée au lancement d'une campagne de sensibilisation intitulée "La liberté de l'information ne tient qu'à un fil". M. Bghouri a notamment évoqué un projet de loi visant à protéger les forces de sécurité face à l'essor de la mouvance jihadiste armée, qui prévoit de lourdes peines de prison pour toute personne se rendant coupable de divulgation "de secrets (relatifs) à la sûreté nationale", ainsi que le retrait sans explication par les autorités d'un projet de loi devant élargir l'accès à l'information.

La représentante de RSF, Yasmine Kacha, a de son côté évoqué "les poursuites judiciaires de plus en plus nombreuses contre les journalistes" et "la pression du politique". "Pour l'instant nous ne voulons pas dire (qu'il s'agit d') une politique systématique malgré de nombreux indicateurs" allant dans ce sens, a dit M. Bghouri, en mettant en garde contre le retour à un "Etat dictatorial".

Le responsable a appelé les journalistes tunisiens à la vigilance, relevant que certains d'entre eux étaient revenus à des pratiques "très dangereuses" et courantes pendant la dictature de Zine El Abidine Ben Ali, au pouvoir de novembre 1987 à janvier 2011.

Le président du syndicat a donné l'exemple d'un quotidien qui s'est demandé s'il ne fallait pas juger les députés n'ayant pas voté la loi antiterroriste, et d'une chaîne ayant marqué les six mois de l'élection du président Béji Caïd Essebsi.

"Malheureusement, il y a une mentalité générale (...) en Tunisie, une mentalité non démocratique et une culture de l'acceptation de l'asservissement, c'est-à-dire qu'il y a une culture au sein des médias en vertu de laquelle des gens sont prêts à être menés comme des esclaves", a lancé M. Bghouri.

Le président Caïd Essebsi, élu en décembre, s'est engagé à maintes reprises à protéger la liberté d'expression. Ses détracteurs l'accusent cependant de s'être entouré de personnalités issues du régime de Ben Ali et disent craindre un retour à des pratiques autoritaires.

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