
La défense de l'ancien procureur de Nanterre Philippe Courroye a réclamé mardi devant le tribunal correctionnel de Lille 45.000 euros de dommages et intérêts pour diffamation à l'hebdomadaire Marianne et 40.000 euros de dommages et intérêts au quotidien Libération.
"Le mal fait à Philippe Courroye est insidieux, dégueulasse, comme il le dit quand on est tous les deux, et demande de vrais dommages et intérêts", a plaidé l'avocat du magistrat, Me Olivier Baratelli. "C'est un vrai préjudice subi par le magistrat".
Philippe Courroye avait déposé une plainte avec constitution de partie civile après la parution d'un article "de synthèse" dans Marianne en octobre 2011 dans lequel Laurent Neumann avait notamment affirmé que M. Courroye "avait fait tout ce qu'il pouvait pour que les prédateurs de la milliardaire (Liliane de Bettencourt, NDLR) ne puissent pas être inquiétés" et qu'"il avait omis de signaler à l'administration fiscale des faits avérés de fraude".
"Au total, deux ans et demi d'enquête bâclée, étouffée, et une justice foulée aux pieds", avait écrit le journaliste, affirmant que le magistrat était "en mission commandée" pour "étouffer l'affaire Bettencourt qui menaçait l'Elysée".
"On n'écrit pas impunément qu'un procureur de la République a étouffé une affaire : sur la foi des documents que nous avons, il ne fait aucun doute que c'est le cas", a assuré Laurent Neumann devant le tribunal.
"Toute l'enquête qui a précédé ce papier de synthèse sur le rôle du procureur Courroye n'a fait l'objet d'aucune critique, d'aucune plainte ou droit de réponse", a-t-il souligné.
L'avocate de Marianne, Me Florence Bourg, a pour sa part affirmé : "on est dans du commentaire, de la critique, pas des faits précis".
La défense de M. Courroye a par ailleurs réclamé deux fois 20.000 euros de dommages et intérêts au quotidien Libération, pour deux articles qu'elle juge diffamatoire.
Dans un portrait de Philippe Courroye daté du 29 septembre 2011, Renaud Lecadre avait écrit notamment que le procureur de Nanterre "étouffait plus ou moins habilement la moindre affaire politico-financière concernant Nicolas Sarkozy". Dans un éditorial, Eric Decouty avait lui insisté sur la "servilité politique" du magistrat.
"On se paie Philippe Courroye", a dénoncé son avocat Francis Teitgen : "on en fait le féal du président de la République en exercice" : "il y a un moment où il faut que ça s'arrête".
L'avocat de Libération, Me Charles-Emmanuel Soussen a pour sa part dénoncé "une tentative de museler la presse" et plaidé la relaxe.
Le parquet s'en est rapporté au tribunal qui a mis son jugement en délibéré au 3 septembre.
A la demande des avocats des deux journaux, le dossier avait été dépaysé à Lille, Philippe Courroye ayant été muté à la cour d'appel de Paris dont dépend le tribunal de grande instance de Créteil.
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