Ersilia Soudais
L'enseignant de Charente suspendu lundi après avoir demandé à des élèves de 3e de plancher sur le suicide en se mettant dans la peau d'un suicidaire éprouvant du "dégoût" pour lui-même, sera réintégré, a déclaré vendredi à France 3 Poitou-Charentes le recteur de l'académie de Poitiers.
"L'enseignant sera réintégré dans son collège au début de la semaine prochaine", a déclaré Jacques Moret à la chaîne, en marge de la visite d'un lycée. "Mais ça ne restera pas anodin parce qu'il faut qu'il prenne conscience (...) que ce n'était pas un sujet qu'il fallait livrer comme ça auprès des élèves", a-t-il ajouté, selon le site internet de la chaîne.
Le rectorat, contacté vendredi, a confirmé les propos rapportés par France 3, indiquant que l'enquête avait finalement conclu à une "maladresse".
La rédaction confiée en octobre à des élèves de 3e les invitait à livrer les raisons d'un suicide hypothétique, en dressant leur autoportrait et en décrivant leur dégoût d'eux-même. Elle avait été révélée lundi par le journal La Charente Libre qui se fondait notamment sur une lettre anonyme de protestation envoyée au directeur d'académie.
Ce dernier avait ordonné lundi la suspension du professeur de français le temps d'une enquête administrative visant à déterminer s'il s'agissait d'une maladresse ou d'une faute professionnelle.
Jeudi, l'enseignant avait été auditionné par direction académique, un entretien au cours duquel il a pu, selon le syndicat Snes-FSU, "exposer sa démarche pédagogique".
La ministre de l'Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, avait pour sa part jugé l'exercice de la rédaction "dangereux" s'il avait été lancé "sans accompagnement, sans contexte".
Au lendemain de cette suspension, les associations de parents d'élèves du collège Antoine-Delafont de Montmoreau-Saint-Cybard (FCPE et Amicale des parents d'élèves de l'établissement) avaient dit "soutenir totalement le professeur de français incriminé" et souhaité "son retour immédiat à son poste pour le bien de nos enfants".
Dans un communiqué, elles avaient déploré un "déferlement médiatique" jugé "démesuré" et "inadapté". "La réalité est que les élèves comme les parents sont attachés" à cet enseignant et "apprécient (ses) qualités", avaient-elles écrit.
L'enseignant, qui ne s'est jamais exprimé dans les médias, s'est dit vendredi "soulagé", a rapporté Alain Héraud, co-secrétaire académique du syndicat Snes-FSU qui lui a parlé au téléphone après l'annonce de sa réintégration.
M. Héraud a indiqué avoir vu dans cette suspension provisoire "une mesure de protection de la pression médiatique" qui a en outre permis à l'enseignant de "préparer l'entretien" avec la direction d'académie.
De leur côté les parents d'élève de la FCPE se sont dits vendredi "satisfaits", tandis que Jean-François Dubord, membre du bureau de SUD Éducation en Charente, a estimé qu'il s'agissait d'une "excellente nouvelle pour lui, pour les parents d'élèves, ses élèves et ses collègues".
"Il n'y avait aucune faute et aucune raison de le sanctionner", a-t-il ajouté, jugeant anormale sa suspension pendant quatre jours.
Vos réactions
Pour répondre à Jvachez,
Les programmes ou plutôt pour nous enseignants ce sont des référentiels des choses qui sont très cadrée.
Pourquoi avoir la même choses dans chaque niveau ?! Chaque prof à sa façon d'enseigner sa façon d'expliquer les choses nous sommes humains.
La démarche de mon collègue était maladroite certes, mais au final c'est lui qui connait ses élèves donc à lui seul de dire sa façon de voir ceci.
j imagine l enseignant ; " bon sortez une feuille ,autre sujet " votre grand mere souffre , etes vous pour ou contre l euthanasie "? :) ..
Réagissez
Nouveau ?
Inscrivez-vousDéjà membre ?
Mot de passe oublié ?