20/06/2011 14:48

Fr2: Un reportage sur le génocide rwandais censuré ?

Agathe Habyarimana, veuve de l'ancien président rwandais dont l'assassinat avait déclenché le génocide de 1994, a demandé lundi à la justice parisienne de pouvoir visionner un reportage sur le génocide programmé le 28 juin sur France 2, afin de pouvoir éventuellement le censurer. 

 "Ce n'est pas la présomption d'innocence qu'on vous demande, mais c'est l'impunité !", a plaidé l'avocat du producteur Tony Comiti, Me Richard Malka, devant le juge des référés, Emmanuel Binoche. 

Agathe Habyarimana, qui réside en France, a assigné en référé France Télévisions et le producteur Tony Comiti. Deux autres Rwandais résidant dans l'Hexagone, l'ex-lieutenant-colonel de l'armée rwandaise, Marcel Bivugavagabo, et le Dr Charles Twagira, se sont joints à son action. 

Le documentaire litigieux, qui s'intitule "Génocide rwandais: des tueurs parmi nous ?", s'inscrit dans une collection de cinq documentaires d'investigation baptisée "La grande traque". 

 Réalisé par le journaliste Manolo d'Arthuys, le reportage doit être diffusé une première fois le 28 juin à 20H40 et une seconde fois le 1er juillet à 00H20.  

Lundi, les avocats d'Agathe Habyarimana, Mes Philippe Meilhac et Florence Bourg, ont crié au loup, assurant que le documentaire "n'était certainement pas convenable".   Dénonçant une enquête "expéditive" et une "totale méconnaissance du sujet" de la part du journaliste, ils ont assuré que le reportage violait la présomption d'innocence de leur cliente.  

Les avocats des trois demandeurs ont notamment plaidé que leurs clients n'avaient jamais été mis en examen en France et qu'aucune responsabilité ne leur était donc imputée dans le génocide de 1994 qui avait fait, selon l'ONU, quelque 800.000 morts parmi la minorité tutsi et les hutus modérés. 

 "Ils sont dans une position extraordinaire", s'est indigné Me Malka : "ils ne sont pas jugés en France, il ne sont pas jugés au Rwanda et on ne pourrait même pas enquêter sur eux ?! (...) Mais la présomption d'innocence, ça n'interdit pas de les mettre en cause !"   Décision jeudi à 11H00.

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