Nouveauté: Un festival de films pour aveugles et malvoyants
Par Rébecca FRASQUET
Etre aveugle et aller au cinéma découvrir les derniers films à l'affiche,
c'est possible à Paris, du 5 au 11 mai, grâce à une association alliée à un
cinéma d'art et d'essai pour proposer "L'Arnacoeur" ou "Adèle Blanc-Sec" en
audiodescription.
Ce procédé consiste à insérer entre les dialogues une
voix-off qui décrit les éléments visuels de l'oeuvre, diffusée dans un
casque pour ne pas gêner les spectateurs valides, qui peuvent ainsi assister
à la même séance.
Organisé par l'association Valentin Haüy - qui vise à
favoriser l'accès des aveugles et malvoyants à la culture et au monde du
travail - avec le cinéma de l'Arlequin (6e arrondissement), ce tout premier
Festival de l'audiovision propose trois séances quotidiennes pendant une
semaine.
A l'affiche, outre les deux longs métrages cités: "Arthur et les
Minimoys 2", "Ensemble c'est trop", "La Journée de la Jupe", "Micmacs à
tire-larigot" et le film d'animation pour enfants "Les Trois
brigands". Le prix des places est ordinaire, sans surcoût.
"Nous
avons sollicité une cinquantaine de productions mais nous n'avons eu que
sept réponses positives. Si les majors n'ont pas souhaité participer,
certains comme Europacorp, la société de Luc Besson et Chez Wam, celle
d'Alain Chabat ont même pris en charge tous les frais", explique à l'AFP
Patrick Saonit l'un des responsables de l'association Valentin Haüy.
"Notre but est de débloquer les choses, en montrant aux producteurs qu'il y
a un vrai public pour ces séances. Il y a même une demande monstrueuse, à
Paris et en province où nous aimerions aussi organiser ce type
d'opérations", dit-il.
Grâce à la généralisation du numérique,
l'audiodescription peut se généraliser à moindre coût, puisqu'une même
version - réalisée pour 5.000 euros - peut servir à la sortie en salle et
aux diffusions en DVD et à la télévision.
Au cinéma, l'exploitant doit
toutefois investir dans un petit émetteur facile à transférer d'une salle à
l'autre (1.000 euros) et dans quelques casques (300 à 800 euros
l'unité).
En France où l'on compte quelque 1,7 million de déficients
visuels dont 207.000 aveugles ou distinguant seulement les silhouettes,
seule une dizaine de salles de cinéma - sur quelque 3.600 - proposent des
films en audiodescription. Quant aux DVD diffusés dans le commerce, la
version audiodécrite, quand elle existe, n'est la plupart du temps même pas
signalée sur la jacquette.
De même à la télévision, rares sont les
programmes accessibles aux mal-voyants, une situation qui renforce leur
isolement culturel.
Pourtant dans le cadre de la loi du 5 mars 2009, les
éditeurs sont invités à accroître l'utilisation de l'audiodescription.
Des obligations devraient bientôt figurer dans les contrats d'objectifs et
de moyens passés entre chaînes publiques et gouvernement. Et une convention
fixant un pourcentage de programmes à audiodécrire doit aussi être conclue
entre le Conseil supérieur de l'audiovisuel et les chaînes de TV
privées.
Ces quotas qui existent au Royaume-Uni ou au Japon devraient voir
le jour "à l'automne" en France, a indiqué à l'AFP Christine Kelly, membre
du CSA, présidente du groupe de travail accessibilité aux personnes
handicapées.
Venue des Etats-Unis, l'audiodescription est apparue il y a
environ vingt ans en France où l'association Valentin Haüy a été l'une des
premières à la développer, en réalisant depuis 1989 quelque 400 programmes
audiodécrits.
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Au lieu de réaliser des films en 3D (relief), ils devraient d'abord penser à ceux qui ne peuvent pas voir cette fameuse 3D.
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