Les 33 mineurs sauvés d'une mine du Chili cherchent à éteindre la furia
médiatique autour d'eux, et préserver des détails de leur cauchemar
souterrain, alors que certains évoquent un "pacte du silence" conclu au fond
de la mine, pour préserver un livre à venir.
Quatre jours après leur
délivrance de la mine San José, après un calvaire qui a fait d'eux des héros
planétaires, les mineurs rendus à leur famille --sauf un encore en
observation à l'hôpital-- ne cachent plus leur ras-le-bol des micros et
caméras.
"Donnez moi mon espace, s'il vous plait !", a lancé Reygadas à la
nuée de journalistes dimanche au retour de 13 mineurs à San Jose et au "Camp
espoir" ou vivaient leur familles. A ses côtés, sa petite-fille tentait de
calmer son bébé affolé en pleurs...
"Il me prennent en photo si je
regarde par ici ou par là, ils me prennent en photo quand je baille... je ne
peux plus rien faire", s'exaspérait Maria José, fille d'un des mineurs,
Mario Gomez. Entre gêne et incrédulité, les mineurs et leurs proches ont
manifestement du mal s'ajuster à l'engouement qu'il suscitent.
"Tout
cela n'a pas de sens. Nous sommes juste des gens ordinaires qui ont
survécu", commentait Victor Segovia, cité dans le quotidien La
Tercera.
"Célébrité ? Mais je ne les connais pas, moi, tous ces gens"
(journalistes), disait Carlos Bugueno à l'AFP. Reygadas, au nom des
33, a demandé dimanche "du respect, pour eux et pour leurs familles, pour
les laisser se reposer un moment jusqu'à ce qu'enfin ils soient prêts à
raconter".
Si les mineurs ont patiemment répondu à la presse jusque chez
eux ces derniers jours, plusieurs ont indiqué à l'AFP ne pas vouloir parler
des "17 premiers jours terribles", pendant lesquels ils furent livrés à
eux-mêmes à 600 m sous terre, voués à la mort jusqu'à ce qu'une sonde les
retrouve.
Bugueno, et Yonni Barrios, ont dit ne pas souhaiter évoquer ces
17 premiers jours, car cette période initiale est au coeur de l'enquête sur
les responsabilités de l'accident.
"Nous ne parlerons pas des 17
premiers jours, jusqu'à ce que l'equête s'éclaircisse", a déclaré Bugueno.
Même s'il a décrit volontiers "l'immense solitude" et les "conditions
inhumaines" de ces premiers jours.
Le Bolivien Carlos Mamani auparavant,
avait indiqué que "les psychologues (nous) ont conseillé de ne pas en parler
tant qu'on ne se sentira pas à l'aise". Malaise, ou volonté de
maîtriser leur récit, face aux offres de milliers de dollars, selon des
familles, qui ont été faites pour des exclusivités ? Un groupe de mineurs
a déclaré samedi à des médias chiliens qu'"une image (des 33) a été générée,
et (que) notre engagement est de la maintenir et de la protéger".
"Je
suis partisan de garder cet espace (des 17 jours) comme propriété" des 33, a
déclaré leur porte-parole apparent, Juan Illanes, cité dans El Mercurio.
"L'idée est d'avoir une exclusivité sur ce qu'on essaie de faire".
On
sait déjà que Victor Segovia, "l'écrivain", parmi les 33, tenait une
chronique de leur survie au fond de la mine. Illanes a suggéré qu'aucun
accord n'avait été encore scellé avec lui sur un livre.
Dimanche,
Reygadas a démenti un "pacte du silence", souhaitant couper court aux
spéculations sur des révélations à venir. "Il n'y a rien à cacher. Nous
avons vécu en bas en compagnons, et rien fait dont il y ait à avoir
honte".
Mais tous ont refusé de répondre aux questions, donnant la claire
impression de prendre congé, pour un temps au moins, des médias.
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