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18/10/2010 10:16

Chili: Les 33 mineurs ont du mal à obtenir le silence

Les 33 mineurs sauvés d'une mine du Chili cherchent à éteindre la furia médiatique autour d'eux, et préserver des détails de leur cauchemar souterrain, alors que certains évoquent un "pacte du silence" conclu au fond de la mine, pour préserver un livre à venir.  

Quatre jours après leur délivrance de la mine San José, après un calvaire qui a fait d'eux des héros planétaires, les mineurs rendus à leur famille --sauf un encore en observation à l'hôpital-- ne cachent plus leur ras-le-bol des micros et caméras.  

"Donnez moi mon espace, s'il vous plait !", a lancé Reygadas à la nuée de journalistes dimanche au retour de 13 mineurs à San Jose et au "Camp espoir" ou vivaient leur familles. A ses côtés, sa petite-fille tentait de calmer son bébé affolé en pleurs...  

"Il me prennent en photo si je regarde par ici ou par là, ils me prennent en photo quand je baille... je ne peux plus rien faire", s'exaspérait Maria José, fille d'un des mineurs, Mario Gomez.   Entre gêne et incrédulité, les mineurs et leurs proches ont manifestement du mal s'ajuster à l'engouement qu'il suscitent.  

"Tout cela n'a pas de sens. Nous sommes juste des gens ordinaires qui ont survécu", commentait Victor Segovia, cité dans le quotidien La Tercera.  

"Célébrité ? Mais je ne les connais pas, moi, tous ces gens" (journalistes), disait Carlos Bugueno à l'AFP.   Reygadas, au nom des 33, a demandé dimanche "du respect, pour eux et pour leurs familles, pour les laisser se reposer un moment jusqu'à ce qu'enfin ils soient prêts à raconter".  

Si les mineurs ont patiemment répondu à la presse jusque chez eux ces derniers jours, plusieurs ont indiqué à l'AFP ne pas vouloir parler des "17 premiers jours terribles", pendant lesquels ils furent livrés à eux-mêmes à 600 m sous terre, voués à la mort jusqu'à ce qu'une sonde les retrouve.  

Bugueno, et Yonni Barrios, ont dit ne pas souhaiter évoquer ces 17 premiers jours, car cette période initiale est au coeur de l'enquête sur les responsabilités de l'accident.  

"Nous ne parlerons pas des 17 premiers jours, jusqu'à ce que l'equête s'éclaircisse", a déclaré Bugueno. Même s'il a décrit volontiers "l'immense solitude" et les "conditions inhumaines" de ces premiers jours.  

Le Bolivien Carlos Mamani auparavant, avait indiqué que "les psychologues (nous) ont conseillé de ne pas en parler tant qu'on ne se sentira pas à l'aise".   Malaise, ou volonté de maîtriser leur récit, face aux offres de milliers de dollars, selon des familles, qui ont été faites pour des exclusivités ?   Un groupe de mineurs a déclaré samedi à des médias chiliens qu'"une image (des 33) a été générée, et (que) notre engagement est de la maintenir et de la protéger".  

"Je suis partisan de garder cet espace (des 17 jours) comme propriété" des 33, a déclaré leur porte-parole apparent, Juan Illanes, cité dans El Mercurio. "L'idée est d'avoir une exclusivité sur ce qu'on essaie de faire".  

On sait déjà que Victor Segovia, "l'écrivain", parmi les 33, tenait une chronique de leur survie au fond de la mine. Illanes a suggéré qu'aucun accord n'avait été encore scellé avec lui sur un livre.  

Dimanche, Reygadas a démenti un "pacte du silence", souhaitant couper court aux spéculations sur des révélations à venir. "Il n'y a rien à cacher. Nous avons vécu en bas en compagnons, et rien fait dont il y ait à avoir honte".  

Mais tous ont refusé de répondre aux questions, donnant la claire impression de prendre congé, pour un temps au moins, des médias.

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