15/09/2020 11:01

Le film "Mignonnes" mis en ligne par Netflix accusé de "pornographie infantile" par un sénateur américain, qui décide de saisir le ministère de la Justice

Comme vous l'a indiqué jeanmarcmorandini.com il y a quelques jours, des milliers d'internautes ont appelé, via les réseaux sociaux, à boycotter Netflix, accusé d'avoir mis en ligne le film français "Mignonnes", qui sexualise, selon eux, les enfants héroïnes de ce long métrage.

Depuis, la polémique ne désenfle pas, certains politiques s'offusquant même sur les réseaux sociaux.

C'est le cas de Ted Cruz qui a décidé de saisir le ministère de la Justice pour "pornographie infantile". Pour lui, ce film est "dégoûtant et mal", "sexualise les fillettes de 11 ans" en les faisant "danser comme des strip-teaseuses". 

Ce dernier exige ainsi une enquête sur la production et la distribution du film. "Il faut déterminer si Netflix, ses dirigeants ou les personnes impliquées dans le tournage ont enfreint des lois fédérales sur la production et la distribution de matériel pédopornographique", explique-t-il.

Rappelons qu'une première vague de critiques, en août, avait amené Netflix à retirer un visuel utilisé pour promouvoir le film, intitulé "Cuties" en anglais et qui est sorti en salles mi-août en France, avant d'être mis en ligne aux Etats-Unis mercredi.

La plateforme avait aussi présenté ses excuses pour avoir utilisé ce visuel "inapproprié", selon elle. Si les attaques sont venues de tous types d'internautes jeudi, y compris à gauche, le sujet a incontestablement rassemblé de nombreux conservateurs américains, parmi des membres du parti républicain dont certains sont candidats au Congrès.

"La pornographie juvénile est illégale en Amérique", a tweeté DeAnna Lorraine, qui fut candidate républicaine en Californie pour un siège à la Chambre des représentants. "En tant que mère d'une fille de 8 ans, je soutiens fermement #CancelNetflix", a renchéri Beatrice Cardenas, elle aussi républicaine de Californie.

Le film, qui a reçu un prix de réalisation au prestigieux festival américain de Sundance, évoque l'histoire d'Amy, Parisienne de 11 ans, qui doit jongler entre les règles strictes de sa famille sénégalaise et la tyrannie de l'apparence et des réseaux sociaux, qui joue à plein chez les enfants de son âge. Elle intègre un groupe de danse formé par trois autres filles de son quartier, dont les chorégraphies sont parfois suggestives, à l'instar de celles de beaucoup de stars de la pop actuelle. "L'hypersexualisation de filles (et de garçons) est écoeurante", a tweeté Omar Navarro, autre politicien republicain.

"C'est répréhensible sur le plan moral et éthique. Les pédophiles, les violeurs d'enfants et les pervers se régaleraient avec #Cuties". Certains ont utilisé le mot-clé #SaveTheChildren (sauvez les enfants), qui correspondait, initialement, à une vraie campagne de charité pour l'organisation Save The Children mais a été récupéré par les complotistes du mouvement QAnon.

Cette théorie, populaire au sein de l'extrême droite et dont aucun élément n'a jamais été démontré, veut notamment que des célébrités, de gauche pour la plupart, aient organisé un vaste réseau pédophile, que Donald Trump aurait pour mission de démanteler.

Face à ce torrent de critiques, ils ont été quelques-uns jeudi à monter au créneau pour défendre le film, parmi eux la comédienne américaine Tessa Thompson ("Creed", "Avengers: Endgame"), qui l'a trouvé "magnifique". "Il permet à une nouvelle voix de s'exprimer", a-t-elle écrit sur Twitter, en référence à la réalisatrice Maïmouna Doucouré, qui "puise dans son expérience".

"Je suis déçue par le discours actuel" qui critique le film, a-t-elle ajouté. "+Cuties+ est une chronique sociale contre la sexualisation des jeunes enfants", a commenté à l'AFP une porte-parole de Netflix. Le film évoque "la pression à laquelle font face les jeunes filles, dictée par les réseaux sociaux et la société en général", a-t-elle ajouté. "Nous encourageons tous ceux qui se sentent concernés par ces problématiques à visionner le film", a conclu la porte-parole

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Vos réactions

Portrait de Le Solitaire Seul
15/septembre/2020 - 12h19

 

C'est pourtant un très beau film sur l'intégration et les ravages des réseaux sociaux.

Tout dépend du regard que l'on porte dessus.