30/08/2020 07:16

La revue intellectuelle "Le Débat" s'arrêtera cet automne, après 40 ans de publication, annonce son fondateur et directeur, Pierre Nora

La revue intellectuelle "Le Débat" s'arrêtera cet automne, après 40 ans de publication, a annoncé samedi son fondateur et directeur, Pierre Nora, dans un entretien publié sur le site internet du Point. "C'était le moment, pour nos 40 ans. Nous avons choisi de nous saborder", déclare l'historien, expliquant notamment cet arrêt par "la baisse (...) de la curiosité à horizon encyclopédique" et non par une raison "financière". Créée en mai 1980, "Le Débat" est "une revue d'analyse et de discussion ouverte à toutes les réflexions qui permettent de mieux comprendre les évolutions du monde contemporain", décrit son éditeur, Gallimard.

De fréquence bimestrielle, elle fut un lieu essentiel de la vie intellectuelle française, se voulant "loin de toute attitude sectaire, prophétique, partisane, étroitement militante et purement protestataire". Elle publia des plumes prestigieuses telles que Claude Lévi-Strauss, Mona Ozouf ou Milan Kundera. "Nous vendons tous les deux mois 3.000 à 4.000 exemplaires, ce qui était déjà le cas en 1980, or le nombre d'étudiants a bondi. Dans un monde que nous aurions espéré, ces étudiants, leurs professeurs, nous auraient lu", déplore Pierre Nora.

Le membre de l'Académie française estime aussi que l'"alliage" entre "culture des humanités", "rapport à la cité" et "savoir des sciences humaines" que la revue "supposait pour sa lecture" "s'est défait". "Notre revue s'appuyait aussi sur un triptyque, histoire, politique, société, qui s'est sans doute déplacé vers d'autres centres d'intérêt: la biodiversité, le spécisme, les crises climatiques, sanitaires. À d'autres de le faire!", ajoute-t-il.

Le dernier numéro, sur le thème des révolutions, paraîtra en septembre. Gallimard poursuivra en revanche la collection de livres "Le Débat", qui compte 80 titres. Cet arrêt intervient après celui, fin 2018, d'une autre revue éditée par Gallimard, "Les Temps modernes".

"La revue +Les Temps modernes+ n'était plus ce lieu de rencontre entre le questionnement critique et le public", avait estimé l'éditeur Antoine Gallimard en mai 2019, mettant aussi en avant "le recul des ventes et des abonnements" pour justifier la disparition de la revue fondée après guerre par Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir.

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