22/02/2020 14:01

L'activité du quotidien France-Antilles, mis en liquidation judiciaire, prolongée pour permettre une offre de reprise de l'homme d'affaires Xavier Niel

Le tribunal de commerce de Fort-de-France a validé la prolongation de l'activité du quotidien France-Antilles, mis en liquidation judiciaire le 30 janvier, afin de permettre exceptionnellement à l'homme d'affaire Xavier Niel de faire une offre de reprise.

Vingt jours après la liquidation du groupe et la disparition du seul quotidien de Martinique, Guadeloupe et Guyane, le tribunal de commerce de Fort-de-France a validé une poursuite de l'activité jusqu'au 10 mars, répondant à une requête formulée en urgence lundi par le procureur de la République. L'objectif est de pouvoir permettre au fondateur de Free, Xavier Niel, co-actionnaire du Monde qui vient de racheter Nice-Matin, de faire une offre.

L'homme d'affaires a rédigé une "lettre d'intention" à l'adresse du procureur de la République de Martinique, Renaud Gaudeul, justifiant selon le procureur cette procédure "exceptionnelle" d'une poursuite d'activité plusieurs semaines après la fermeture de l'entreprise. Xavier Niel a manifesté, "il y a quelques jours", "sa volonté de déposer dans les tous prochains jours une offre de reprise des actifs du groupe France-Antilles", a confirmé à l'AFP sa holding personnelle NJJ, expliquant cette offre par le "risque avéré de disparition de toute presse d'information locale indépendante aux Antilles".

France-Antilles avait normalement été liquidé sans poursuite d'activité le 30 janvier. Mais les 235 salariés n'ont toujours pas reçu leur lettre de licenciement, ce qui signifie qu'ils sont toujours pour l'instant salariés du groupe, même s'ils ne travaillent pas. Le journal a cessé de paraître depuis le 1er février. "C'est un enjeu de la vie publique: le maintien de la presse quotidienne et de ses nombreux emplois (235) sur les territoires qui justifie la réouverture de ce dossier", a expliqué à l'audience le représentant du parquet, évoquant un repreneur "crédible".

"Cette offre, qui sera assortie d'une proposition de reprise d'un nombre significatif de salariés et d'un maintien de l'activité papier, présentera un vrai projet de presse quotidienne avec la production d'une information de qualité tout en préservant les ressources éditoriales locales et en construisant une exploitation pérenne", affirme la holding NJJ. La décision du tribunal prévoit la suspension des procédures de licenciement, le maintien de l'administrateur judiciaire et la diffusion d'un appel d'offre sur un journal national. Cet appel d'offre court jusqu'au 2 mars à 15H00.

Toutes les offres, s'il y en a, seront ensuite examinées le 10 mars à 14H00 au tribunal de commerce. Pas de France-Antilles pour autant en kiosque mercredi. "Il y a plein de contrats qui ont été suspendus, des commandes qui ont été arrêtées, il n'y a plus de papier. Donc on va être payés avec l'argent qui reste dans la trésorerie", a expliqué le représentant des salariés de Martinique Rodolphe Lamy. Selon l'administrateur judiciaire, il y a de quoi payer les salaires jusqu'au 10 mars. Pour M. Lamy, "c'est une lueur d'espoir surtout quand on connait la réputation de Xavier Niel. J'imagine que s'il se positionne hors délais, on espère qu'il y a quelque chose de sérieux".

Reste un problème qui s'était déjà posé lors du précédent appel d'offre: celui du patrimoine immobilier de France-Antilles. Les actifs du groupe avaient tous été transférés en 2017 à son actionnaire majoritaire d'alors, AJR Participations (société de Aude Jacques-Ruettard, petite-fille du patron de presse Robert Hersant). Pour tout repreneur, il faudra forcément déménager les bureaux et les imprimeries (une opération qui coûterait en moyenne un million d'euros) ou payer un loyer à AJR pour occuper les anciens locaux. C'est l'une des principales raisons pour lesquelles les candidats avaient retiré leurs offres lors du premier appel.

Créé en mars 1964, France-Antilles, ancienne filiale du groupe Hersant, était en redressement judiciaire depuis le 25 juin 2019. AJR Participations avait notamment fait une offre de reprise, prévoyant de ne conserver que 125 postes sur les 235, mais n'avait pas réussi à finaliser son plan de financement.

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