17/05/2019 10:02

L'ancienne analyste militaire Chelsea Manning est retournée en prison pour la troisième fois après avoir de nouveau refusé de témoigner contre le fondateur de WikiLeaks

Déterminée à défendre ses "principes", l'ancienne analyste militaire américaine Chelsea Manning est retournée en prison pour la troisième fois après avoir de nouveau refusé de témoigner contre le fondateur de WikiLeaks Julian Assange.

A l'origine d'une fuite colossale de documents militaires et diplomatiques, qui avaient été publiés par WikiLeaks en 2010 au grand dam des Etats-Unis, l'ancien soldat Bradley Manning a déjà passé sept ans derrière les barreaux.

A cette occasion, l'ex-militaire avait entamé sa transition vers le sexe féminin et, depuis sa libération en mai 2017, Chelsea Manning est devenue une icône des personnes transgenres.

Agée désormais de 31 ans, elle avait renoué avec les ennuis en début d'année, après avoir été convoquée par un grand jury constitué pour enquêter sur Julian Assange.

Dénonçant une procédure "opaque" et peu démocratique, elle avait refusé de répondre à ses questions et avait été incarcérée le 8 mars pour "entrave à la bonne marche de la justice". Outil-clé de la justice américaine, ces collectifs de citoyens tirés au sort sont mis en place dans les affaires pénales les plus sérieuses et sont chargés d'enquêter dans la plus grande confidentialité. Chelsea Manning a été libérée il y a une semaine pour une raison technique: le mandat du grand jury qui souhaitait l'entendre arrivait à son terme. Mais un nouveau grand jury vient d'être constitué pour poursuivre l'enquête.

Son mandat pourrait durer jusqu'à un an et demi. Jeudi, l'ancienne militaire a de nouveau refusé de participer à ses travaux. "Je ne renoncerai pas à mes principes, je préfèrerais littéralement mourir de faim que de changer d'avis", a-t-elle déclaré lors d'une audience devant un tribunal fédéral d'Alexandria, près de Washington.

Le juge Anthony Trenga a rétorqué qu'il n'y avait rien de "déshonorant" à remplir son devoir citoyen et a décidé de l'écrouer à nouveau. Le magistrat a ajouté qu'elle serait passible d'une amende de 500 dollars par jour si elle refusait toujours de coopérer après 30 jours en détention, et de 1.000 dollars par jour après 60 jours de prison. Avant l'audience, elle avait affiché sa détermination

"Que l'on me place en détention ou pas, je ne vais pas participer à ce grand jury", avait-elle lancé, tout en admettant qu'une incarcération longue "pourrait avoir un impact sur (sa) santé". "Ils veulent me poser des questions auxquelles j'ai déjà répondu" lors de mon procès devant une cour martiale en 2013, avait-elle ajouté, en dénonçant une procédure uniquement destinée, selon elle, à la renvoyer derrière les barreaux.

Elle s'était toutefois montrée confiante dans un recours déposé par ses avocats pour lui épargner une nouvelle incarcération. "Nous avons plus d'informations sur le grand jury que la dernière fois", avait-elle assuré. La justice américaine a notamment révélé que le grand jury en question avait inculpé Julian Assange il y a plus d'un an pour "fraude informatique".

Il est accusé d'avoir accepté en 2010 d'aider le soldat Manning à obtenir un code secret pour accéder à davantage de documents militaires. C'est sur la base de ce chef d'inculpation que les Etats-Unis réclament à Londres de l'extrader.

Pour y répondre, la police britannique a interpellé le 11 avril l'Australien réfugié depuis sept ans au sein de l'ambassade d'Equateur à Londres. "Puisqu'il y a déjà eu une inculpation, pourquoi suis-je à nouveau convoquée devant le grand jury?", avait demandé Chelsea Manning, en dénonçant "un dossier bidon".

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