14/12/2015 13:53

Chine: Le groupe Alibaba va débourser plus de 242 millions d’euros pour racheter le South China Morning Post

Alibaba va débourser plus de 242 millions d’euros pour racheter le South China Morning Post (SCMP), un montant bien supérieur aux attentes, qui fait craindre pour l’indépendance du quotidien anglophone de référence de Hong Kong.

Des experts avaient évalué le SCMP à la moitié de ce montant. Et pour certains analystes, la somme déboursée par le géant chinois de l’internet reflète sa volonté de contrôler les médias dans l’ancienne colonie britannique.

Alibaba «a accepté d’acheter le secteur média du groupe SCMP pour 2.060,6 millions de dollars hongkongais», a indiqué lundi le SCMP dans un communiqué à la Bourse de Hong Kong.

Le groupe SCMP comprend tout un portefeuille de magazines tels que les éditions de Hong Kong de Elle, Cosmopolitan, Esquire, The PEAK ou Harper’s Bazaar.

Le SCMP compte aussi d’autres titres comme son édition dominicale, son édition numérique SCMP.com et des applications de téléphonies mobiles, de même que les deux sites chinois Nanzao.com et Nanzaozhinan.com.

«Avec une expertise reconnue, notamment dans l’internet mobile, Alibaba est en excellente position pour utiliser au mieux la technologie afin de créer du contenu de manière plus efficace et d’atteidre une audience globale», affirmait récemment Robin Hu, PDG de ce journal.

«Notre objectif est d’étendre le lectorat du South China Morning Post à travers le monde grâce à la distribution numérique et un accès plus facile aux contenus», avait commenté quant à lui Joe Tsai, vice-président exécutif du groupe Alibaba.

Le journal continuera à faire preuve d«objectivité, d’exactitude et d’équité» et «aura le courage d’aller à l’encontre des idées reçues», avait assuré M. Tsai dans une lettre aux lecteurs publiée après l’annonce du rachat.

Mais dans un questions-réponses publié sur le site du quotidien, le vice-président d’Alibaba a accusé les médias occidentaux de parti pris contre la Chine.

«De nombreux journalistes travaillant pour les médias occidentaux s’opposent au système de gouvernance en Chine et cela déforme leur couverture. Nous voyons les choses différemment, nous pensons que les choses doivent être présentées telles qu’elles sont», a déclaré M. Tsai.

Pour Francis Lun, de GEO Securities, le montant du rachat du SCMP reflète une motivation politique.

«Contrôler un média local a un coût. L’intérêt économique est douteux», a-t-il déclaré à l’AFP, en expliquant que la couverture de l’information par le SCMP pâtira nécessairement de la proximité entre Pékin et le fondateur d’Alibaba, Jack Ma.

Fondé en 1903, ce journal est reconnu pour sa connaissance de Hong Kong, la colonie britannique rétrocédée à Pékin en 1997, et de la Chine elle-même.

Mais comme bien d’autres titres de presse dans le monde, le SCMP a été frappé par la chute de ses ventes et de ses bénéfices publicitaires, et par des problèmes d’adaptation aux nouvelles technologies.

La question de l’indépendance éditoriale du SCMP se pose depuis son rachat en 1993 par le milliardaire malaisien Robert Kuok, qui a de nombreux intérêts en Chine.

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