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Visite de Laurent Nuñez et de Gérald Darmanin à Marseille - Un habitant témoigne dans "Morandini Live": "Il y a un abandon total de l’Etat. Il n'y a plus de République aujourd'hui dans nos quartiers" - VIDEO

Ce matin, Jean-Marc Morandini présentait en direct sur CNews un nouveau numéro de "Morandini Live". Une partie de l'émission était consacrée à Marseille alors que Gérald Darmanin et Laurent Nuñez sont aujourd'hui dans la cité phocéenne.

Marco, habitant à Marseille, a témoigné à visage caché pour des raisons de sécurité. "Aujourd’hui, quand on habite dans une cité, on n’a pas peur mais on remet en doute énormément de choses. On remet en doute notamment la compétence de l'État sur nos territoires. Est-ce que j'ai peur ou est-ce que mon entourage a peur ? Non. Est-ce qu'on se sent abandonné ? Oui. C'est ça, la réalité, en fait", a-t-il débuté en dénonçant "les effets d’annonce".

"On le voit ces dernières années. On a entendu l'opération Place Nette. On a entendu tout ça, mais ça n'a été que des effets d'annonce. Et vous verrez, je suis convaincu, moi, si on se rappelle d'ici un ou deux mois, rien n'aura changé et rien n'aura été fait concrètement. Au contraire, je pense même que ça va se dégrader, ça va continuer à se dégrader", a-t-il déclaré.

Et d'ajouter : "J'entendais tout à l'heure des invités de votre plateau tenir des propos. J'ai été un peu choqué de la déconnexion totale de ces gens. Aujourd'hui, non, les familles ne vivent pas de ces trafics de drogue. Aujourd'hui, ces familles subissent. Par exemple, on est face à des mères isolées qui n'ont plus de pouvoir sur leurs enfants. Elles n'arrivent pas à les tenir et malheureusement, ils se font absorber par ce qu'on appelle l'absorption délinquante".

"Ne pensez pas aujourd'hui que dans les quartiers nord de Marseille, des familles vivent du trafic de drogue. Le trafic ne profite qu'à ceux qui le mettent en place et qui l'organisent, mais il ne profite pas aux gens qui sont autour. C'est faux", a précisé Marco dans "Morandini Live".

"Tous les jeunes que vous voyez, que ce soit au bas de l'échelle, ou que ce soit au haut niveau de l'échelle, à un moment donné, c'est la misère qui a mené cela. C'est la misère et la misère, elle est née de quoi ? Elle est née d'un abandon total de l'État. Il n'y a plus de République aujourd'hui dans nos quartiers", a continué l'habitant.

Des propos qui ont fait réagir Jean-Marc Morandini. "C’est un discours que j'entends, mais j'ai toujours un peu de mal parce que je me dis que, quand vous allez dans certaines campagnes qui ont été abandonnées par l'État, pendant longtemps, il n'y a pas eu ce trafic de drogue. Il n'y a pas eu ces dealers qui ont pris du pouvoir. Dans les cités, il faut dire les choses : il y a aussi l'attrait de l'argent facile. C''est plus simple pour un gamin d'aller faire le chouf et de gagner 2.000 ou 3.000 euros par mois que d'aller bosser chez McDo et de gagner 1.200 euros".

"M. Morandini, je vous assure et avec toute transparence, vous verrez qu'il y a des jeunes – et je pèse mes mots –, il y a des jeunes aujourd'hui qui ont des masters et qui se retrouvent à faire les choufs et qui se retrouvent à vendre de la drogue. Et quand on dit « argent facile », je vous assure qu'il n'y a rien de facile. Il n'y a rien de facile parce que je les vois. Je vois des jeunes de 15, 17, 18, 19 ans qui sont là jusqu'à 2, 3 heures du matin, assis sur une chaise. S'ils se ratent, ils se font frapper", a régi l'habitant.

"Je trouve un peu dommage que, dans votre discours, j'ai l'impression que vous trouvez des excuses à ces gens-là. Tous les gens qui ne trouvent pas de boulot ne deviennent pas dealers de drogue", a précisé Jean-Marc Morandini.

"En fait, ce que j'essaye de dire, c'est qu'il faut prendre un peu de recul. On est tous victimes dans cette histoire, même ceux qui mènent cela. C'est la misère qui a fait qu'aujourd'hui, on se retrouve dans ce type de situation dramatique, vraiment dramatique. Je vous assure qu'il n'y a rien de facile", a répondu Marco.

"Faire le chouf, ce n'est pas le truc le plus compliqué de la Terre. C'est plus simple d'être assis devant une cité et de guetter quand la police arrive que d'aller bosser pendant 12 heures chez McDo", a indiqué le journaliste.

 

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