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Regrouper les narcotrafiquants les plus dangereux dans des prisons de haute sécurité est un "leurre", estime l'Association française des magistrats instructeurs

Regrouper les narcotrafiquants les plus dangereux dans des prisons de haute sécurité est un "leurre", estime l'Association française des magistrats instructeurs, voyant dans certaines mesures de la proposition de loi pour lutter contre le narcotrafic, examinée à l'Assemblée nationale, "un aveu d'impuissance d'Etat".

"Regrouper et enfermer les délinquants les plus dangereux dans des prisons de haute sécurité, si tant est qu'on dispose des moyens réels de maintenir un régime carcéral de sécurité renforcé une fois ce regroupement réalisé, est à la fois un leurre et un recul de l'Etat", estime l'AFMI dans un communiqué.

Les députés ont débuté lundi soir l'examen de la proposition de loi sénatoriale visant à lutter contre le fléau du narcotrafic, qui prévoit notamment de créer dans les prisons des quartiers de haute sécurité pour les criminels les plus dangereux.

La définition du détenu "très dangereux" sera "extrêmement difficile à établir, puis à appliquer concrètement", observe l'association, qui craint par ailleurs que "la concentration de détenus de très haut niveau signifiera aussi une concentration des efforts de ces délinquants aux moyens financiers quasi illimités pour organiser des évasions".

L'AFMI fustige aussi la volonté de généraliser la visioconférence, afin de ne plus recourir aux transfèrements de détenus et d'éviter ainsi les risques d'évasion, comme cela a pu se produire dans l'affaire Amra.

"C'est admettre que l'Etat n'est plus en mesure d'assurer l'extraction sécurisée de la partie haute du spectre de la délinquance organisée et un constat d'échec de la capacité de l'Etat à prévenir la poursuite de l'activité criminelle en détention", estime l'association.

"En pratique, cela signifiera qu'ils ne seront plus interrogés dans des conditions minimales d'efficacité", ajoute-t-elle.

"Les interrogatoires auxquels ils sont soumis jusqu'à présent sont des interrogatoires longs, complexes, détaillés, nécessitant de leur soumettre des éléments de preuve tels que photographies, vidéos, documents, contenus extraits de téléphones, ... impossibles à présenter de manière sérieuse à distance au travers de visioconférences", explique-t-elle, y voyant un "problème de moyens des forces de l'ordre au sens large".

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Vos réactions

Portrait de Greenday2013
19/mars/2025 - 13h09

Et ils proposent quoi au lieu de critiquer ceux qui essaient d'agir ?

Portrait de moire93
19/mars/2025 - 00h29

C'est quoi alors leur solution ! Les laisser dans leur prison pour qu'ils continuent leur trafic ?