
Le quotidien serbe Danas et son rédacteur en chef ont reçu des menaces en raison de leur couverture des violences au Kosovo, après avoir été accusés en direct par le président serbe de vouloir nuire à la Serbie. Sur des tracts découverts jeudi matin dans l'entrée de l'immeuble de la rédaction du journal, une photo du rédacteur en chef, Dragoljub Draza Petrovic.
A ses côtés, Adem Jashari, commandant indépendantiste kosovar albanais tué en mars 1998 par les forces serbes. Sur la photo, le journaliste est coiffé d'un couvre-chef traditionnel albanais, tout comme Jashari, ce dernier affublé aussi d'une ceinture de munitions. Le tract est signé du mouvement d'extrême droite "Nasi". "Je considère cela comme une menace", a expliqué à l'AFP le rédacteur en chef de Danas. "Cela vise nos journalistes parce que nous menons une politique éditoriale indépendante et racontons de manière professionnelle des événements au Kosovo", a-t-il ajouté.
Le Kosovo, ancienne province serbe dont Belgrade ne reconnait pas l'indépendance, a connu dimanche de nouvelles violences. Un policier kosovar albanais a été tué dans le nord, une zone à majorité serbe, dans une embuscade. La police kosovare a ensuite traqué le commando soupçonné de l'avoir abattu : trois Serbes du Kosovo ont été tués dans cette opération.
Dans une interview fleuve mercredi soir à la télévision publique, le président serbe Aleksandar Vucic a feuilleté en direct le quotidien Danas pour critiquer sa couverture de ces évènements. Le quotidien avait fait sa une sur Milan Radoicic, un responsable politique des Serbes du Kosovo, accusé par Pristina d'être à la tête du commando.
Danas l'a qualifié d'"homme d'affaires sous protection de Vucic". "Pourquoi faites-vous ça à votre pays ?", a lancé Aleksandar Vucic, accusant le journal de cibler "la Serbie, pour que la Serbie soit détruite". Danas a reçu ces menaces le jour même de la publication d'un rapport du Conseil de l'Europe qui s'inquiète des nombreuses "menaces et intimidations envers les journalistes" serbes.
Y est décrit "un environnement toxique", dans lequel les journalistes indépendants sont "régulièrement taxés de 'criminels', de 'traitres' et 'd'ennemi de l'Etat' par les responsables politiques". En 2023, la Serbie est passée de la 79e à la 91e place du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporter sans frontières.
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