
Poursuivi en diffamation par un ex-président de l'Unef après la publication de témoignages d'anciennes militantes dénonçant un système de violences sexistes et des violences sexuelles au sein du syndicat étudiant, le journal Libération a été relaxé aujourd'hui par le tribunal judiciaire de Paris.
Pour la 17e chambre correctionnelle, spécialisée dans les affaires de presse, l'enquête réalisée par le quotidien était "sérieuse". Il y a eu "prudence dans l'expression" et "absence d'exagération dans le ton employé". "Même si (le plaignant) Jean-Baptiste Prévost a pu être blessé par la teneur des propos poursuivis (...) le bénéfice de la bonne foi peut être accordé" aux auteurs de l'article, a jugé le tribunal.
Une condamnation du journal porterait "une atteinte disproportionnée à la liberté d'expression" et "serait de nature à emporter un effet dissuasif pour l'exercice de cette liberté", a encore souligné le tribunal. Jean-Baptiste Prévost, président de l'Union nationale des étudiants de France (Unef) de 2007 à 2011, avait porté plainte peu après la publication de l'enquête de Libération, le 19 février 2018, attaquant sept passages qu'il jugeait diffamatoires.
Selon le quotidien, la présidence de Jean-Baptiste Prévost à la tête du deuxième syndicat étudiant de France avait été marquée "par une multitude de dérives". L'Unef était alors devenu "un terrain de chasse sexuelle" pour ses cadres dirigeants, écrivait Libération.
Cette enquête avait été publiée en pleine déflagration du mouvement #MeToo et trois mois après une tribune dans Le Monde de 83 anciennes militantes ou cadres de l'Unef dénonçant le caractère "systémique" des violences sexistes et sexuelles à l'Unef et appelant à la libération de la parole. Libération avait recueilli les témoignages de seize femmes dénonçant des faits de harcèlement, agressions sexuelles ou viols de la part de dirigeants de l'Unef.
Jean-Baptiste Prévost, ancien étudiant de Sciences Po Paris passé par la suite dans des cabinets ministériels, avait été nommément mis en cause par le quotidien pour avoir "pioché des numéros de téléphone dans les fichiers du syndicat pour multiplier les relations sexuelles" et avoir "profité" de son statut de président.
Lors du procès, en mai, M. Prévost avait dénoncé un "roman fabriqué" vécu comme "une véritable humiliation".
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