Le mariage du prince William et de Kate Middleton déchaîne les
passions à Toronto où plusieurs sujets de la reine Elizabeth II
rivalisent d'idées pour célébrer cette union princière, démontrant que
le courant monarchiste a encore de beaux jours devant lui au Canada.
*
Les assiettes en porcelaine de Chine et aux couleurs du jeune couple
sont déjà prêtes. Les réservations vont bon train et, si tout va comme
l'espère le directeur du Windsor Arms, George Friedmann, plus de 1.000
clients venus spécialement dans ce palace de Toronto se retrouveront au
milieu de la nuit du 29 avril pour suivre les cérémonies dans une pièce
aménagée pour l'occasion.
"A 4 heures du matin, l'événement sera retransmis en direct sur grand
écran dans notre salle de réception où un petit déjeuner britannique
classique sera servi", se délecte par avance M. Friedmann, dont
l'établissemnent est décoré dans la plus stricte tradition britannique.
Organiser un tel évènement à près de 6.000 km de l'abbaye de
Westminster tombe sous le sens, selon le patron de l'hôtel de luxe où
trônent plusieurs portraits de souverains anglais : "Le Canada a un lien
fort avec la royauté".
Pour preuve: la Ligue monarchiste du pays revendique 30.000 membres
et des sections dans 15 des plus grandes universités du pays. A
l'approche du mariage, les adhésions sont en hausse à Toronto (deux à
trois par jour), se réjouit Cian Horrobin, qui s'occupe de la Ligue dans
la plus grande ville du pays.
Etudiant au conservatoire de musique et se définissant comme
"socialiste", ce jeune homme natif du Nouveau-Brunswick (côte
atlantique) fait mentir à lui tout seul les clichés qui veulent que la
royauté n'attire que des retraités oisifs ou des femmes au foyer en
manque d'exotisme. Selon lui, la moitié des membres de la Ligue
monarchiste canadienne sont des jeunes adultes comme lui.
Sans être une monarchiste pure et dure, Karyn Gingras, quadragénaire,
célèbre elle aussi cette union. A sa manière. Chapelière depuis plus de
20 ans, cette Torontoise qui a déjà coiffé la Première dame du pays,
Laureen Harper, a confectionné un chapeau pour Kate Middleton.
Rouge bordeaux, modelé en son centre de manière à rappeler les
montagnes Rocheuses de l'Ouest canadien et surmonté d'un nid et d'un
oiseau en tissu, le couvre-chef lui a pris quatre mois à fabriquer.
L'objectif prochain de Mme Gingras: le faire parvenir à la future
princesse. "Je suis en contact avec le haut-commissariat britannique à
Ottawa", indique-t-elle dans son atelier dont le mur est recouvert d'une
douzaine de photos du couple princier.
Pour Cian Horrobin, l'excitation de ses compatriotes à l'approche du
mariage s'explique, car "on a vu grandir le Prince William et on les a
vus se fréquenter depuis longtemps".
Mais aussi, croit-il, car les Canadiens sont très attachés à la
Couronne, à la différence notamment des Australiens qui sont nombreux à
réclamer la République. Un sondage réalisé l'année dernière dans la
foulée de la visite dans le pays de la reine Elizabeth II montre que 36%
des Canadiens veulent un chef d'Etat élu, contre 43% en 2009.
La monarchie "est une forme humaine de gouvernement" que les
Canadiens apprécient car, estime M. Horrobin, le souverain ne
cristallise pas les passions comme peut le faire par exemple le
président des Etats-Unis Barack Obama.
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