08/11/2022 15:55

Une enquête est ouverte contre la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher pour ses liens avec l'industrie pétrolière - Elle dénonce des "allégations fausses et calomnieuses" - VIDEO

La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a ouvert une enquête sur la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, après des révélations sur des parts détenues par ses enfants dans une société basée sur des fonds domiciliés en partie dans des paradis fiscaux.

Selon le média d'investigation Disclose, les enfants de l'intéressée sont associés d'une entreprise française, non mentionnée sur la déclaration d'intérêts de la ministre. «La HATVP va ouvrir des investigations à la suite de ce signalement», a-t-on indiqué au sein de cette autorité indépendante. La structure, qui recueille les déclarations d'intérêts et d'activités des ministres, a aussi pour rôle de scruter les possibles risques de conflits d'intérêts des ministres, et les moyens d'y remédier.

Interpellée par le député Insoumis Aurélien Saintoul lors des questions au gouvernement (QAG) ce mardi après-midi, Agnès Pannier Runacher a dénoncé des «allégations fausses et calomnieuses». Interrogée par Disclose, la ministre renvoyait déjà sur l'origine des fonds vers son père, ex-dirigeant de la société pétrolière Perenco, qui a monté la société épinglée. Le père de la ministre, Jean-Michel Runacher, a créé en 2016 en France cette société civile, nommée Arjunem, dans le cadre d'une transmission de patrimoine, y apportant pour environ 1,2 million d'euros de parts, selon l'enquête de Disclose. Quant à Agnès Pannier-Runacher, elle relève qu'elle n'avait «pas à déclarer cette structure», puisque la loi l'oblige à déclarer uniquement ses participations directes et celles de son conjoint, et pas celles de ses enfants. La HATVP confirme d'ailleurs qu'elle n'avait pas à déclarer les participations de ses enfants.

Quatre des petits-enfants de Jean-Michel Runacher sont les associés de l'entreprise citée. Dont les enfants d'Agnès Pannier-Runacher, qui étaient alors mineurs, et pour lesquels la ministre a signé en tant que représentante légale. Elle a expliqué dans une réponse détaillée qu'ils étaient nus-propriétaires et ne touchaient donc aujourd'hui aucun dividende, Jean-Michel Runacher restant l'usufruitier. Elle a également ajouté qu'Arjunem était bien «soumise à la fiscalité française».

Selon Disclose, ce patrimoine provient de fonds spéculatifs, installés dans le Delaware, en Irlande et à Guernesey, et dans lesquels Perenco détenait aussi des investissements. Les produits financiers, eux, sont déposés dans une banque au Luxembourg, a confirmé Agnès Pannier-Runacher. «Il ne s'agit pas de mon patrimoine, mais de celui de mes enfants qui, eux-mêmes, n'ont aucun pouvoir de gestion de la société à ce jour», a répondu la ministre à Disclose. «Le guide de la HATVP ne laisse aucune ambiguïté sur le fait que je n'avais pas à déclarer cette structure», a-t-elle indiqué à l'AFP.

Sur l'origine des fonds, Jean-Michel Runacher «a apporté des parts de fonds qui n'ont aucun lien avec Perenco. Il s'agit de placements acquis par le passé dans le cadre de ses placements personnels», a-t-elle dit, renvoyant à son père «pour plus de détails». «Quelle que soit la forme juridique de ces fonds, le porteur des parts paye la fiscalité de son pays de résidence», a également justifié à l'AFP la ministre, qui ne voit pas non plus de conflit d'intérêts entre ses fonctions ministérielles (assurer la transition énergétique) et les anciennes activités de son père (pétrolières). «Je n'ai pas eu à traiter de dossiers en lien avec Perenco», qui «exerce l'essentiel de ses activités hors de France», assure-t-elle.

«Ce n'est pas cet article qui doit trancher le sort de la ministre», a relevé lors d'un point presse Loïc Signor, porte-parole du parti présidentiel Renaissance, dont est membre la ministre. «C'est au gouvernement, au président de la République» d'en décider, explique-t-on au sein de la majorité. La députée LFI Clémence Guetté s'interroge, elle, sur «la probité» pour accélérer sur les énergies renouvelables d'«une ministre dont les intérêts financiers indirects sont visiblement liés à des entreprises pétrolières». Elle juge cette affaire «symptomatique de la façon dont la macronie peut avoir parfois des liens financiers à questionner». «Ministre de la Transition énergétique ou des intérêts pétroliers, il faut choisir!», a renchéri sur Twitter la députée LFI Danielle Simonnet. «Tartuffe», a enfin cinglé le député européen EELV Mounir Satouri.

Ailleurs sur le web

Vos réactions

Portrait de COLIN33
8/novembre/2022 - 18h40 - depuis l'application mobile

Association de malfaiteurs !!!

Portrait de bergil
8/novembre/2022 - 17h52

C'est fou ce que ces gens là savent bien monter leurs affaires pour planquer leur pognon !