
Un journaliste britannique conteste devant la justice une ordonnance de la police visant à le contraindre à révéler l'identité d'un homme qui lui a confessé son implication dans un double attentat qui a fait 21 morts en 1974 à Birmingham. Agé de 74 ans, Chris Mullin, également ancien député conservateur, a publié en 1986 un livre qui a permis de mettre au jour l'une des plus retentissantes erreurs judiciaires au Royaume-Uni.
L'enquête du journaliste avait conduit à la libération de six hommes accusés à tort, qui ont obtenu l'annulation de leur condamnation en 1991. En vertu de la législation antiterroriste, la police des West Midlands veut contraindre Chris Mullin à révéler l'identité d'un homme qui lui a affirmé être un poseur de bombe, désigné sous les initiales AB lors de l'audience vendredi devant la cour de l'Old Bailey à Londres. Pendant son enquête, le journaliste avait interviewé pendant quatre heures AB, a souligné à l'audience James Lewis, l'avocat de la police. "C'est une pleine reconnaissance des meurtres", a-t-il plaidé, "c'est le meurtrier qui avoue lui-même". Soutenu par le syndicat de journalistes NUJ, l'auteur a quant à lui fait valoir que "si la police des West Midlands avait mené une véritable enquête après l'attentat, au lieu de piéger la première demi-douzaine de personnes qui ont eu la malchance de tomber entre leurs mains, ils auraient arrêté les véritables auteurs dès le départ". La secrétaire générale du NUJ, Michelle Stanistreet, a dénoncé le fait que la police veuille compromettre le principe "vital" de la protection des sources.
L'attaque contre deux pubs de Birmingham, qui avait fait plus de 180 blessés, avait eu lieu le 21 novembre 1974, au plus fort des violences des paramilitaires de l'IRA contre les autorités britanniques en Irlande du Nord. Elle avait été attribuée à l'organisation paramilitaire, qui n'a jamais démenti. Après une réouverture de l'enquête, la police avait arrêté fin novembre 2020 un homme de 65 ans qui a été rapidement libéré. Le double attentat s'inscrivait dans le contexte des Troubles, ces trois décennies sanglantes en Irlande du Nord qui ont fait plus de 3.500 morts, opposant républicains nationalistes majoritairement catholiques aux loyalistes unionistes majoritairement protestants ainsi que l'armée britannique. Ces violences ont pris fin en 1998 grâce à l'Accord de paix du Vendredi saint.
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