Une correspondante à la Maison Blanche de la radio publique internationale Voice of America (VOA) a été réaffectée à un poste moins prestigieux après avoir tenté de poser des questions au secrétaire d'Etat Mike Pompeo, une "punition" dénoncée par ses collègues et des élus. Le chef de la diplomatie américaine avait été invité lundi à prononcer un discours au siège de la radio à Washington, sur fond d'accusations de reprise en main de la "Voix de l'Amérique" par le gouvernement de Donald Trump. Michael Pack, le PDG nommé par Donald Trump, avait tenté en octobre de revenir sur la règle qui l'empêche d'intervenir sur les contenus éditoriaux. Sur place, Mike Pompeo a exhorté lundi les journalistes de la radio de cesser de "dénigrer" les Etats-Unis et de promouvoir "l'exceptionnalisme américain". Il a reconnu que plusieurs d'entre eux n'avaient pas voulu qu'il vienne s'exprimer, dénonçant un "instinct de censure dangereux", alors qu'une lettre de "lanceurs d'alerte" avait critiqué en interne une tentative de diffuser "de la propagande politique dans les derniers jours de l'administration Trump". A la fin de son discours, le secrétaire d'Etat a eu un échange très aimable et sans questions politiquement sensibles avec le directeur de la radio. En revanche, les journalistes de l'antenne n'ont pas eu le droit de l'interroger.
La correspondante de VOA à la Maison Blanche Patsy Widakuswara a alors suivi Mike Pompeo lors de sa sortie et a tenté de lui poser des questions, notamment sur l'image des Etats-Unis dans le monde après l'assaut donné la semaine dernière par des partisans de Donald Trump contre le Capitole. Elle a elle-même publié sur Twitter une vidéo de sa vaine tentative. Dans la foulée, la journaliste a été réaffectée à un autre poste par sa direction. La "punition" visant Patsy Widakuswara "pour avoir fait son travail, c'est-à-dire poser des questions, est un affront aux idéaux évoqués par le secrétaire d'Etat Pompeo lui-même dans son discours", a protesté dans un communiqué l'Association des correspondants à la Maison Blanche. Un porte-parole de VOA a refusé de "commenter les questions internes de personnel".
Dans un communiqué conjoint, les dirigeants de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, le démocrate Gregory Meeks et le républicain Michael McCaul, ont également dit avoir interrogé la radio sur "cette troublante information", sans obtenir de réponse. "Une telle intervention serait une violation de la +Muraille de Chine+ instaurée par le Congrès" entre les dirigeants de la holding qui contrôle les médias publics internationaux des Etats-Unis et leurs journalistes, ont estimé les deux élus. "Sans raison légitime pour cette décision, (...) nous pensons qu'elle doit retrouver son poste", ont-ils ajouté à propos de la journaliste. "Ce sont les Etats-Unis d'Amérique: nous ne punissons pas nos journalistes parce qu'ils cherchent des réponses à leurs questions. Une presse libre et équitable est au coeur de notre Constitution et de notre démocratie", ont-ils prévenu.
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