06/09/2020 15:01

Hongrie: Un journaliste ayant publié une photo du Premier ministre Viktor Orban entouré de sa famille a été licencié

Le licenciement d'un rédacteur en chef après la publication par son hebdomadaire d'une photo du Premier ministre Viktor Orban entouré de sa famille, a suscité de nouvelles inquiétudes sur la liberté de la presse en Hongrie.

Le cliché, rendu public par M.Orban auparavant sur son site internet, montrait le chef du gouvernement posant à domicile en compagnie de sa femme et de ses cinq enfants âgés de 16 à 31 ans. Il illustrait un article sur la politique nataliste de la Hongrie, publié cette semaine dans le magazine 168 Ora. "Éthiquement inquiétant", ce choix éditorial "a dépassé les limites du mauvais goût" en mélangeant vie privée et sujets politiques, a estimé le propriétaire de cette revue Pal Milkovics, cité par la presse.

"Les enfants doivent être protégés quel que soit le rôle joué par leurs parents", a plaidé M. Milkovics, qui assure avoir pris sa décision sans subir de pression. "Ils ne doivent pas être instrumentalisés ou devenir des cibles", a-t-il ajouté. Sa décision intervient après la démission fin juillet des rédacteurs du site phare du journalisme indépendant en Hongrie, Index.hu, qui craignaient de perdre leur indépendance vis à vis de Viktor Orban après, là-encore, le limogeage de leur rédacteur en chef.

Sous les mandats du souverainiste Viktor Orban, les médias publics sont devenus le relais de la politique du gouvernement tandis que des proches du pouvoir ont acheté des pans entiers du secteur des médias privés. Ces transformations ont contribué au déclenchement, fin 2018, d'une procédure exceptionnelle pour risque de "violation grave" des valeurs de l'Union européenne (UE).

La Hongrie, membre de l'UE depuis 2004, est située à la 89e place sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse publié par l'ONG Reporters sans frontières (RSF). Elle était 23e lorsque M. Orban est revenu au pouvoir en 2010. RSF demande aux institutions européennes de conditionner la distributions des fonds de l'UE au respect de l'Etat de droit et de sanctionner l'iniquité des aides publiques aux médias.

"En 2017,Index.hu n'a touché que 4,5 % de la publicité d'État destinée aux médias en ligne, alors que son concurrent pro-gouvernemental Origo, à l'audience comparable, en a perçu 44,5 %", a écrit RSF dans un communiqué. En 2019, une ONG, une radio et un député européen siégeant pour la Hongrie ont déposé une plainte à ce sujet auprès des instances communautaires.

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