Les autorités pakistanaises ont demandé à YouTube, filiale de Google, de bloquer immédiatement les vidéos qu'elles considèrent "répréhensibles" pour qu'elles ne soient plus accessibles dans le pays, une requête critiquée par des militants des droits de l'homme.
L'autorité de régulation du Pakistan (PTA) a annoncé avoir demandé à la plateforme d'hébergement de vidéos YouTube "de bloquer immédiatement les contenus vulgaires, indécents, immoraux, les images de nus et les discours de haine pour qu'ils ne soient plus visionnés au Pakistan", dans un communiqué jeudi. Regarder de telles images a "des effets extrêmement négatifs" et peut favoriser des "discordes répugnantes", ajoute le communiqué. YouTube n'avait pas réagi vendredi, et un porte-parole du régulateur a pour sa part refusé d'indiquer quelles seraient les prochaines étapes du processus si la société américaine ne se conformait pas à ses demandes. En juillet, le régulateur a adressé un dernier avertissement à l'application chinoise TikTok, lui ordonnant de filtrer l'intégralité des contenus jugés "obscènes". Il a également bloqué l'application Bigo Live. Ce n'est pas la première fois que YouTube est ciblée par les autorités pakistanaises.
La plate-forme a été bloquée plusieurs années au Pakistan, de 2012 à 2016, suite à la mise en ligne d'une vidéo produite aux Etats-Unis, "L'innocence des musulmans", dressant un portrait peu flatteur du prophète Mahomet. Les défenseurs de la liberté de parole ont immédiatement critiqué cette nouvelle demande du régulateur.
"Le PTA ne fait aucun effort pour préciser sa demande et définir ce qu'il entend par +vulgaire+ ou +immoral+", a commenté à l'AFP l'avocate spécialiste du numérique, Nighat Dad. "Les médias sociaux comme YouTube sont engagés dans la défense des droits de l'homme... et ils doivent défendre des principes comme le droit à la vie privée, la liberté d'expression et le droit d'accès à l'information", a-t-elle ajouté. Le pays, majoritairement musulman, vit déjà dans la peur d'une censure rampante et du musellement de la presse et des militants, en raison de restrictions à la liberté de parole existantes ou en discussion, habituellement au nom de l'Islam ou de la sécurité nationale.
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