09/08/2020 07:41

Liban: Retour sur une folle journée de colère et de manifestation hier à Beyrouth avec un policier tué et des dizaines de manifestants blessés - Vdéo

Des manifestants ont brièvement occupé des ministères lors d'opérations qui semblaient coordonnées samedi soir, la colère des Libanais ayant atteint son son paroxysme contre la classe politique accusée d'être responsable de la gigantesque explosion au port de Beyrouth qui a fait des centaines de milliers de sans-abri. Ces opérations coup de poing contre des ministères que les Libanais considèrent comme des symboles de la gabegie sont intervenues après une manifestation de milliers de personnes dans le centre de Beyrouth, qui ont exprimé leur rejet des dirigeants auxquels ils demandent des comptes après la déflagration de mardi qui a tué 158 personnes.

A proximité de la place des Martyrs, épicentre traditionnel des manifestations dans la capitale, des heurts ont opposé les forces de sécurité, qui ont tiré des gaz lacrymogènes, à de jeunes protestataires ripostant avec des pierres. Pour les Libanais déjà éprouvés par une crise économique inédite, l'explosion qui a dévasté une partie de la ville a été la catastrophe de trop, relançant un mouvement de contestation qui avait débuté en octobre pour dénoncer l'ensemble de la classe dirigeante, jugée corrompue et incompétente, mais s'était essoufflé en raison de la pandémie de Covid-19.

Dans un discours télévisé, le Premier ministre contesté, Hassan Diab, a annoncé qu'il proposerait des législatives anticipées, estimant que seul un tel scrutin permettrait "de sortir de la crise structurelle". Il s'est dit prêt à rester au pouvoir "pendant deux mois", le temps que les forces politiques s'entendent. Selon la Croix-Rouge libanaise, 63 personnes ont été blessées lors des violences qui ont émaillé la manifestation et transportées dans des hôpitaux, et 175 autres soignées sur place.

"Un membre des Forces de sécurité intérieure est décédé (...) en aidant des personnes coincées dans l'hôtel Le Gray", a pour sa part indiqué la police libanaise, ajoutant sans autre détail qu'il avait "été agressé par un certain nombre d'émeutiers qui ont entraîné sa chute et sa mort".

L'attention des forces de sécurité se concentrant sur les heurts, environ 200 manifestants menés par des officiers à la retraite en ont profité pour prendre d'assaut le siège du ministère des Affaires étrangères, le proclamant "quartier général de la Révolution". L'ex-général Sami Rammah a appelé dans un mégaphone au soulèvement et à la poursuite de "tous les corrompus" tandis que des manifestants décrochaient et piétinaient le portrait du président Michel Aoun.

Envoyée en renfort, l'armée a délogé les manifestants en fin de soirée, usant de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes. Des manifestants ont aussi tenté de prendre le quartier général de l'Association des banques, y mettant le feu avant d'être délogés par l'armée, selon un photographe de l'AFP sur place. Les protestataires ont également investi les ministères de l'Economie et celui de l'Energie, symbole de la gabegie des services publics, les coupures de courant alimentant la gronde.

"Nous sommes officiellement en guerre contre notre gouvernement", a déclaré une militante, Hayat Nazer. Les banques sont la cible de la colère des manifestants depuis octobre en raison des restrictions draconiennes imposées sur les retraits et virement à l'étranger. Sur la place des Martyrs, le mot d'ordre était "Le Jour du jugement".

Des guillotines en bois ont été installées. Le hashtag #Pendez-les circule depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux. "Vengeance, vengeance, jusqu'à la chute du régime", ont scandé les manifestants, certains masqués, d'autres portant des drapeaux. Un camion était en flammes à proximité de la place à la tombée de la nuit. L'explosion au port, dont les circonstances ne sont toujours pas élucidées, aurait été provoquée par un incendie qui a touché un énorme dépôt de nitrate d'ammonium, dangereuse substance chimique.

La catastrophe a fait au moins 158 morts et plus de 6.000 blessés, dont au moins 120 sont dans un état critique, selon le ministère de la Santé, et 21 personnes sont toujours disparues. Quarante-trois Syriens sont morts, selon leur ambassade.

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Samedi 8 août

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20h09 : Un agent de police est mort lors des manifestations organisées à Beyrouth, selon un porte-parole des autorités.

Citée par L'Orient Le Jour, l'agence de presse officielle Ani précise que ce policier est mort alors qu'il intervenait à l'intérieur d'un hôtel situé le long de la place des Martyrs, centre névralgique du rassemblement.

18h56: Le Premier ministre libanais annonce qu'il va proposer des élections parlementaires anticipées pour sortir de la crise

18h50: La Croix-Rouge libanaise a dû transporter 32 blessés à l'hôpital lors des manifestation contre la classe politique, selon un nouveau bilan. Les secours ont pu prodiguer des soins à 110 personnes sur les lieux.

18h32 : Des milliers de manifestants menés par des officiers à la retraite ont pris d'assaut ce  soir le siège du ministère des Affaires étrangères à Beyrouth, le proclamant "quartier général de la Révolution". Cette initiative, diffusée en direct à la télévision, est intervenue alors que l'attention des forces de sécurité se concentrait sur le rassemblement de milliers de protestataires dans le centre-ville.

Sur la place des Martyrs, épicentre traditionnel des manifestations, vers laquelle les protestataires ont convergé avec pour mot d'ordre "Le Jour du jugement", des guillotines en bois ont été installées tandis que des protestataires ont brandi des cordes, un noeud coulant à leur extrémité. Le hashtag #Pendez-les circule depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux.

17h16: La Croix rouge libanaise indique sur Twitter que 14 personnes, parmi les manifestants, ont été transportées à l’hôpital. 44 autres personnes ont été soignées sur place.

17h10: Des milliers de Libanais participent ce samedi à une importante manifestation contre la classe politique qu'ils rendent responsable de la terrible explosion ayant dévasté une partie de Beyrouth, faisant plus de 150 mots tandis qu'une soixantaine de personnes sont toujours portées disparues.
Deux jours après une visite historique du président français, Emmanuel Macron, l'activité diplomatique s'intensifie à Beyrouth pour organiser le soutien international au pays sinistré, à la veille d'une conférence de donateurs.
Pour le quatrième jour consécutif, Beyrouth s'est réveillée au son du verre brisé ramassé dans la rues par les habitants et une armée de volontaires, équipés de balais, mobilisés dès la première heure.
L'explosion au port mardi, dont les circonstances ne sont toujours pas élucidées, aurait été provoquée par un incendie qui a touché un énorme dépôt de nitrate d'ammonium, un substance chimique dangereuse.
Les vidéos spectaculaires prises après la déflagration montrent un champignon que beaucoup ont comparé à ceux des bombes atomiques sur le Japon en 1945, alors que des secouristes ont comparé les scènes de destruction à celles résultant d'un séisme.
La catastrophe a fait au moins 154 morts, plus de 5.000 blessés dont au moins 120 sont dans un état critique, selon le ministère libanais de la Santé, ainsi que près de 300.000 sans-abri. Plus de 60 personnes sont toujours portées disparues, alors que les espoirs de retrouver des survivants s'amenuisent.
Toujours sous le choc après cette explosion d'une violence inégalée dans l'histoire du pays, nombre de Libanais demandent des comptes à une classe politique dont ils dénoncent l'incurie et la corruption.
Sur la place des Martyrs, épicentre de la contestation populaire depuis octobre dernier et où la manifestation est prévue dans l'après-midi, sous le thème "Le Jour du jugement", des militants ont notamment dressé une potence.
"Après trois jours passés à déblayer les décombres et panser nos plaies, il est temps de laisser exploser notre colère et de les sanctionner pour avoir tué des gens", affirme Farès al-Hablabi, 28 ans.
"Nous devons nous dresser contre tout le système () le changement doit être à la mesure de l'ampleur de la catastrophe", ajoute ce militant descendu dans la rue dès le déclenchement du soulèvement populaire le 17 octobre 2019.
Si le mouvement s'est essoufflé au cours des derniers mois, notamment en raison de la pandémie de coronavirus -- qui continue de s'aggraver au Liban --, le drame pourrait le relancer de plus belle.
"Nous n'avons plus rien à perdre. Tout le monde doit descendre dans la rue", affirme Hayat Nazer, une militante à l'origine de nombreuses initiatives de solidarité.
Le président Michel Aoun, de plus en plus décrié, a dit clairement vendredi qu'il s'opposait à une enquête internationale, affirmant que l'explosion pourrait avoir été causée par la négligence ou par un missile.
Une vingtaine de fonctionnaires du port et des douanes ont été interpellés, selon des sources judiciaire et sécuritaire.

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Vos réactions

Portrait de Angelussauron
10/août/2020 - 06h05
Alhekine a écrit :

@Angelussauron J'ai eu une drôle d'impression lors de l'interview de Macron, j'avais la sensation que les journalistes libanais voulaient que la France fasse un coup d'état et reprenne le Liban.

 

En même temps il a même parlé aux anciens officiers ceux qui ont pris d'assaut les ministères ensuite donc bon j'ai l'impression que Macron fait de l'ingérence et veut aussi changer de gouvernement. (Plus sous la forme d'élection par contre). Ça ne serait pas une 1ere de tout manière on fait déjà de l'ingérence en Afrique.

Portrait de Angelussauron
9/août/2020 - 08h16
550 CZ Stutzen a écrit :

Le calme avec deux millions de réfugiés Syriens ?  Le calme avec les comptes bancaires bloqués ?  Le calme alors que c'est l'Iran qui joue le marionnettiste ? Le calme alors que le Ezbollah est  le ver dans le fruit ? 

Là où il y a la secte Islam les problèmes croissent. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est l'histoire. 

 

Le soucis c'est que ce gouvernement a déjà bien affaibli le pays. Et l'Iran est déjà leur allié.

Pour ça que j'ai dis attention lors qu'un pays est bien affaibli, certains en profitent. donc il faudra qu'ils choisissent les bonnes personnes.

Totalement logique de virer ce genre de personne mais attention au jour d'après.

Portrait de Jose22
8/août/2020 - 21h23

Il faut preciser que le policier a été tué par erreur par les policiers qui sont chargés de protéger l'Assemblé Nationale et le président de l'Assemblée (police de l'Assemblée) qui tirait avec des balles réelles sur les manifestants. Cela a été enregistré par les caméras de télé et de vidéo-surveillance

Portrait de FAIRYTORI
8/août/2020 - 19h11
Alhekine a écrit :

Si j'étais complotiste, je dirais que l'explosion a été volontaire pour déguiser un coup d'Etat.

Et comme ce sont les chrétiens qui sont actuellement aux commandes. Je verrais bien le hezbolah dans l'affaire.

Mais je ne suis pas complotiste bien sur.

Sincèrement, heureusement que vous n'êtes pas complotiste, car il faudrait être littéralement con pour penser tout ça.

Portrait de Angelussauron
8/août/2020 - 18h48
Jose22 a écrit :

J'y étais, il y a des centaines de milliers de manifestants, et d'autres centaines de milliers de personnes dans le quartiers alentours en train d'aider à débarrasser les débris des maisons, cherchent a manger ...

La police a commencé à tirer sur les manifestations à balles réelles et lancent des grenades lacrymogènes.

 

On était tous calmes, avec masques et distanciation sociale

 

Bon courage à vous dans tout ce chaos. Faites attention à ne pas mettre d'islamistes au pouvoir pour garder votre liberté si importante pour le Liban.

Portrait de Jose22
8/août/2020 - 18h17

J'y étais, il y a des centaines de milliers de manifestants, et d'autres centaines de milliers de personnes dans le quartiers alentours en train d'aider à débarrasser les débris des maisons, cherchent a manger ...

La police a commencé à tirer sur les manifestations à balles réelles et lancent des grenades lacrymogènes.

 

On était tous calmes, avec masques et distanciation sociale