
Avec sa voix douce, ses talons hauts et ses longs cheveux, Lynsey Addario n'a pas vraiment l'allure du photoreporter type. Pourtant, elle a parcouru les zones les plus dangereuses de la planète pour y raconter la guerre, au péril de sa vie.
Le destin peu commun de cette Américaine, fille de coiffeurs, originaire d'une petite ville du Connecticut, au nord de New York, dont le travail a été maintes fois primé, a retenu l'attention du studio Warner Bros qui a racheté les droits de ses mémoires dès leur sortie.
De passage à Paris pour la sortie française de "Tel est mon métier" (Fayard), récit autobiographique traduit en 12 langues, cette petite brune de 42 ans s'étonne du succès de ce livre avant tout "thérapeutique".
"Je pensais que personne n'allait le lire, qui allait s'intéresser à ma vie?", lance-t-elle d'un air amusé. "C'est Steven Spielberg qui va réaliser l'adaptation au cinéma. Peter Craig (scénariste des deux derniers épisodes de Hunger Games) écrit le scénario.
Et Jennifer Lawrence va jouer mon rôle !" s'exclame-t-elle.
C'est en apprenant la mort de ses amis Tim Hetherington et Chris Hondros, des confrères reporters de guerre tués en Libye en 2011, qu'elle prend la plume, après avoir elle-même frôlé la mort plusieurs fois.
Elle y raconte comment à force de travail, d'opiniâtreté, de longues semaines à sillonner les zones difficiles du globe, elle a pu vivre de sa passion, en collaborant avec des publications prestigieuses comme le New York Times ou National Geographic, et à gagner la reconnaissance de ses pairs (elle est notamment lauréate du prix Pulitzer).
Elle reçoit son premier appareil photo à 13 ans, un "Nikon FG", mais n'envisage pas alors de devenir photographe : "à mes yeux, les photographes étaient des gosses de riches excentriques et sans ambition". Après des études en relations internationales, elle découvre l'oeuvre du photographe brésilien Sebastiao Salgado et décide de devenir photojournaliste, un métier principalement masculin.
"Je n'ai jamais voulu couvrir la guerre. Ce sont les histoires qui m'ont amenée sur ces terrains, pas les conflits", raconte-t-elle. Elle a 26 ans quand elle part en Afghanistan pour la première fois, pour photographier la condition des femmes sous le régime des talibans.
Le pays ne fait pas encore la une de l'actualité et personne ne veut de ses photos mais le 11 septembre 2001 va changer la donne.
Devenue spécialiste de la région, elle y retourne des dizaines de fois, comme en Irak où elle couvre l'invasion américaine et la chute de Saddam Hussein.
Aucune zone ne lui fait peur : Syrie, Libye, Darfour, Congo...
Enceinte de plusieurs mois, elle part en mission en Somalie et à Gaza.
Si le fait d'être une femme lui ferme certaines portes, elle préfère y voir les avantages :
"Dans le monde musulman, j'ai accès à la fois aux hommes et aux femmes, ce qui est un privilège. Je peux aller chez les gens et parler aux mères et aux soeurs, c'est comme ça que j'ai pris le thé avec les soeurs de Zarkaoui", ancien responsable d'Al-Qaida en Irak.
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